Suite à la publication sur le blog Totus Tuus de l'article Existe-t-il des preuves de l'existence de Dieu?, un long débat s'est instauré avec les lecteurs. Je le diffuse ici en 3 parties. En voici aujourd'hui la 1ère.
Commentaire n°1 posté par Christophe
"L’existence de Dieu ne se démontre ni par l'observation ni par le calcul parce que Dieu n’est pas un élément du monde – un objet parmi les autres objets."
Où est-il ? Dans quel monde? Comme nous n’avons pas connaissance d’autres mondes, faut-il inventer un concept de monde pour le situer ?
"Il n’est pas situable par rapport à nous : il n’occupe aucune place en hauteur ou en profondeur, il ne s’articule pas sur les phénomènes de l’univers. Dès lors, il ne peut être objet d’investigation scientifique : il ne fait pas corps avec le monde physique que scrutent nos savants."
Pas situable, pas de hauteur ni profondeur, il ne s’articule pas sur des phénomènes observables, il ne peut être objet d’investigation… Mais alors, comment pouvez vous savoir qu’il existe ?
"Si le Créateur a donné l'intelligence à l'homme..."
Comment savez vous que notre intelligence nous vient d’un dieu? Et si c’est ainsi, comment savoir qu’elle ne nous vient pas de Brahma/Shiva/Vishnou, la trilogie hindou?
"... n'est-ce pas pour qu'il s'en serve afin de Le découvrir, d'esprit à Esprit, sans l'ombre d'un doute?"
Non justement, l’intelligence fait tout à fait le contraire.
Réponse au Commentaire n°1
Cher Christophe, je te remercie de toutes tes belles questions. Je t’ai répondu dans une série d’articles intitulée : "Comment savoir si Dieu existe et quelle est la "vraie" religion?"
Commentaire n°2 posté par ti’hamo
Ah, cela dit, je n'ai toujours pas bien compris ce que vous entendez par "intelligence", de même que je n'ai pas bien compris ce que l'ami Miky entendait par "amour", et je ne sais plus qui par "justice" : peut-on enfin, scientifiquement, m'en prouver l'existence, et me les décrire exactement ? (profondeur, largeur, hauteur...)
Commentaire n°3 posté par NeGPsychiatricK
Bonjour,
Je pense que les débats sur l'existence de Dieu seraient beaucoup plus apaisés et moins fastidieux si l'on parlait d'arguments et non pas de preuves...
Par preuve, on entend généralement preuve par déduction ayant un caractère absolu, alors que les preuves de Dieu sont (selon moi) d'abord des preuves par induction, c'est à dire qu'elles dépendent des connaissances disponibles. Il vaut mieux alors parler d'arguments. Libre alors au lecteur d'être convaincu ou pas.
Réponse au Commentaire n°3
Bonjour à vous et bienvenu sur ce blog – qui s’efforce précisément de promouvoir un dialogue apaisé sur ces questions si importantes.
On peut parler de preuves de l’existence de Dieu (ainsi que le fait le Magistère catholique) dans la mesure où il est possible d’acquérir au sujet de l’existence de Dieu une "vraie certitude" – ainsi que l’affirme le Catéchisme de l’Eglise Catholique en son § 31.
Contrairement à ce que vous pensez, ce n’est pas la méthode déductive qui produit les meilleurs résultats en métaphysique. Au contraire, celle-ci, qui consiste à poser arbitrairement des postulats a priori et à en déduire un certain nombre de conséquences – jusques et y compris dans le domaine physique – n’a jamais rien donné de bon et conduit parfois ses partisans à un véritable déni du réel (lorsque celui-ci ne s’avère pas conforme aux résultats attendus). Nous en avons d’éloquents exemples avec Descartes, Haeckel, Engels, Sartre…
La méthode de raisonnement qui s’est révélée la plus féconde est la méthode inductive, qui consiste à partir du réel exploré scientifiquement, observé objectivement (sans aucun a priori), et à en inférer un certain nombre d’enseignements sur la nature et le fonctionnement du réel : c’est la méthode expérimentale – la méthode scientifique. Celle-là même qui est employée par la métaphysique réaliste des penseurs monothéistes.
Si l’on choisit d’observer le réel sans aucun a priori idéologique ou religieux, et de prolonger la réflexion rationnelle sur l’univers au-delà de ce que la science peut nous en dire – dans la fidélité permanente à la réalité observée –, on est conduit irrésistiblement à inférer l’existence d’un Être transcendant, éternel, infini, Créateur, Intelligent et Personnel. D’autant plus aisément qu’il n’existe aucune alternative rationnelle à cette option – nous le verrons. C’est en ce sens que l’on peut parler de preuves de l’existence de Dieu.
Commentaire n°4 posté par NeGPsychiatricK
Bonjour et merci de m'avoir répondu.
Vous vous trompez : je ne sais pas et je n'ai jamais su quel type de preuve apportait les meilleurs résultats en métaphysique. Ca ne m'intéresse pas vraiment... D'autant que concrètement une preuve comporte généralement à la fois des éléments inductifs et déductifs; Wikipedia l'indique explicitement et implicitement dans son article sur la preuve : "il existe un enchaînement de causes à effet dans la nature, or il est impossible de remonter de causes à causes à l'infini ; il faut nécessairement une Cause Première : c'est Dieu".
"C'est Dieu", n'est ce pas là une déduction? Cette citation n'est-elle pas une preuve par déduction? N'est-ce pas là aussi une preuve par induction? Conclure, n'est-ce pas en quelque sorte déduire? Et vice-versa?
Comme vous l'indiquez dans cet article, il n'existe pas de "preuves scientifiques" de l'existence de Dieu. Pour éviter toute confusion, ne serait-il pas plus approprié de parler systématiquement de "motifs scientifiques permettant d'admettre l'existence de Dieu" ou "d'arguments favorables à l'existence Dieu" plutôt que de preuve tout court? La preuve a tendance à s'imposer à tous par nature... L'Eglise s'est déjà imposée à tous par le passé et ça n'a pas laissé de bons souvenirs.
Réponse au Commentaire n°4
"Je n'ai jamais su quel type de preuve apportait les meilleurs résultats en métaphysique. Ca ne m'intéresse pas vraiment..."
C’est dommage, car pour traiter une question métaphysique, il est utile de savoir quelle méthode de raisonnement donne les résultats les plus fiables. Un petit regard panoramique sur l’histoire de la pensée pourrait vous livrer de précieux enseignements.
"il existe un enchaînement de causes à effet dans la nature, or il est impossible de remonter de causes à causes à l'infini ; il faut nécessairement une Cause Première : c'est Dieu"."C'est Dieu", n'est ce pas là une déduction? Cette citation n'est-elle pas une preuve par déduction? N'est-ce pas là aussi une preuve par induction? Conclure, n'est-ce pas en quelque sorte déduire? Et vice-versa?"
En un sens, vous avez raison. Il y a un postulat premier à partir duquel on déduit tout le reste. Les preuves de l’existence de Dieu ne sont recevables que pour qui croit préalablement dans le primat de la raison, qui est donc le postulat de départ indiscuté – mais que l’on pourrait remettre en question.
Ce qu’il est important d’observer à ce stade, c’est que la négation de l’existence de Dieu implique nécessairement la remise en cause du primat de la rationalité.
Mais pour qui veut demeurer dans la pensée rationnelle, l’existence de Dieu est absolument inévitable.
On est donc bien en présence de "preuves" au sens fort du terme. Je tiens vraiment à ce mot car la preuve donne des certitudes, et c’est bien à cela que conduit le raisonnement métaphysique (qui n’est autre que l’activité de l’intelligence s’efforçant de penser le monde jusqu’au bout à partir des données objectives communiquées par les sciences positives).
Les preuves métaphysiques ont une force probante au moins équivalente à celles des sciences expérimentales parce qu’elles procèdent de la même méthode d’analyse (qui a fait ses preuves) et qu’on ne leur connaît aucune alternative rationnelle. Voilà pourquoi la métaphysique réaliste peut être considérée comme une authentique science – puisqu’elle nous communique un authentique savoir.
Ce qui est impressionnant avec les preuves de l’existence de Dieu, c’est qu’elles conduisent toujours celui qui les nie SOIT à diviniser la nature, SOIT à nier la raison. Mais il n’existe aucune vision authentiquement athée de l’univers qui soit pertinente sur le plan rationnel – nous en reparlerons plus tard.
Maintenant, chacun est libre de croire que Dieu n’existe pas. Mais c’est là un PARI dont il faut bien avoir conscience qu’il n’est pas sans risque…
"La preuve a tendance à s'imposer à tous par nature... L'Eglise s'est déjà imposée à tous par le passé et ça n'a pas laissé de bons souvenirs."
La preuve a tendance à s’imposer à tous parce qu’elle dévoile un pan de la vérité, qui s’impose à tous. Mais quand on découvre plus tard que cette vérité est Amour, alors on n’a plus peur de la vérité, et on voudrait que tout le monde la connaisse.
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