dimanche 28 avril 2019

Le cerveau humain : la plus grande merveille dans tout l'univers


Terminons notre observation des prodiges de la nature en nous arrêtant sur la plus étrange des créatures que l’on y puisse trouver : l’homme.

Les hommes que nous sommes constituent, à y bien regarder, de pures merveilles. Avons-nous conscience d’être, chacun en particulier, le chef-d’œuvre absolu de la Création ?

Et tout d’abord, contemplons cet extraordinaire objet que nous avons tous (aussi benêt soyons-nous) dans notre boîte crânienne : le cerveau, qui est – de loin – la structure matérielle la plus complexe et la plus fascinante que l’on connaisse dans tout l’univers.

La plus complexe : il renferme dans son ensemble pas moins de 12 milliards de neurones, un seul d’entre eux pouvant être en communication directe avec 100.000 autres ! Le nombre de combinaisons possibles au sein d’un seul cerveau est supérieur au nombre des atomes de l’univers entier ! Aucun modèle mathématique ne peut rendre compte d’une telle complexité.

Le plus fascinant : le cerveau n’est qu’une toute petite partie de l’encéphale, il a la taille et l'apparence d'un petit chou-fleur, mais sa masse de 1.500 grammes (environ 2 % du poids du corps humain) est capable d’expliquer l’univers.

***

L’étude du cerveau a fait l’objet d’innombrables travaux dont la psychologie et la psychiatrie ont largement bénéficié. On sait ainsi aujourd’hui que le cerveau humain résulte de la superposition de trois cerveaux, ces trois cerveaux fonctionnant en étroite corrélation, l’ensemble formant un système d’une complexité inouïe qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.

Le premier cerveau, le plus ancien, est le lieu des instincts les plus primitifs ; c’est le cerveau reptilien, qui assure la réception des grandes informations de bases, ainsi que les réponses appropriées nécessaires à la survie et à la perpétuation de l’espèce – respiration, battements du cœur, pression artérielle, état de nutrition.

Le cerveau paléomammalien ou limbique gouverne, en les affinant, les fonctions du cerveau reptilien, mais il intervient aussi dans le maintien des grands équilibres biochimiques et dans la distribution des messages endocriniens et électriques. Il est également impliqué dans les grandes émotions primaires – rage, peur – et les comportements qu’elles suscitent – agression ou fuite, possession, soumission. Il intervient dans la durée du sommeil et de la veille en rapport avec l’environnement, interprète les besoins et régit les pulsions, alerte les hémisphères cérébraux par diverses voies nerveuses et divers modulateurs chimiques, en sorte que les réponses émotionnelles aux modifications de l’environnement s’adaptent de façon appropriée.

Quant au néocortex, qui désigne les hémisphères cérébraux si remarquablement développés chez l’homme, c’est le lieu du traitement des informations communiquées par les organes des sens, l’ensemble de l’organisme, l’ensemble du monde extérieur et par la mémoire. Le néocortex est le siège de la pensée logique et conceptuelle, des fonctions cognitives complexes, des réponses motrices ou intellectuelles aux modifications du monde extérieur, de l’apprentissage, de l’exploration, de la mémoire, des affects qui en découlent, de tous les faits de conscience, mais aussi des comportements complexes inconscients – tels que la conduite d’une voiture en situation de routine – et de toute vie inconsciente (qui se manifeste par exemple par des bouffées d’angoisse dont on recherche longtemps la cause). Le néocortex est le lieu de l’intelligence, de la conscience de soi, du décodage du réel par l’activité scientifique, celui de la création artistique comme des interrogations métaphysiques, des élans mystiques, de la recherche philosophique.

Comme une noix ou une mappemonde, le cerveau comporte deux hémisphères ; ces hémisphères ont chez l’homme une particularité spécifique : leur asymétrie. C’est au prix Nobel de Médecine américain, Roger Sperry, que l’on doit les synthèses les plus complètes au sujet des fameuses "localisations cérébrales".

Le cerveau gauche joue un rôle important dans le développement de la pensée analytique abstraite, en particulier dans les opérations du langage conceptuel. Il est le siège de la pensée logique, qui traite les informations sur le mode séquentiel ou oppositionnel, celui de la connaissance discursive et du traitement abstrait des données. En d’autres termes, le cerveau gauche fonctionne comme les ordinateurs, qu’il a d’ailleurs créés à son image, selon le mode oui/non. Apte à décortiquer les versions latines ou les problèmes de math, l’hémisphère gauche est logique, rationnel, cartésien ; il dissèque, analyse, soupèse ; il s’exprime par des signes, des chiffres, des lettres. Plus masculin que féminin, semble-t-il, c’est lui qui engendre la science.

Le cerveau droit saisit pour sa part les informations dans leur globalité et en fait la synthèse. Il fonctionne de manière analogique. Saisissant intuitivement les liens entre les différents éléments constitutifs d’un tout, il use d’images et de métaphores, appréhendant d’emblée le sens des mythes et des symboles. Ignorant les chiffres et les lettres, il parle le langage des fables, des légendes, des paraboles et des prophéties. Comme on l’observe dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry ou chez La Fontaine, il échappe aux limitations de l’espace et du temps, et exprime dans un langage simple et fort la sagesse des nations. L’hémisphère droit est donc le siège de l’esprit de synthèse, de la pensée systémique ou globale, de l’expression artistique et de l’intuition. Naturellement plus sensible à l’unité profonde de l’univers, il analyse moins qu’il ne ressent ; les arts, la musique sont ses expressions familières.

Bref, si le cerveau gauche est par essence plutôt analytique, le cerveau droit lui est plutôt synthétique. On dirait du premier qu’il est rationnel, qu’il tire des conclusions fondées sur des faits et des raisonnements, tandis que le second, plutôt intuitif, embrasse la réalité dans sa globalité. Mais ils fonctionnent ordinairement de concert, en étroite synergie, et c’est ainsi que leurs performances s’en trouvent accrues.

Deux sensibilités, une double polarité, un double chemin nécessaire à une appréhension complète du réel : en somme, les deux voies de la connaissance. Le réel semble donc bien accessible à l’homme par deux voies : l’approche poétique, intuitive et mystique, et l’analyse discursive, rationnelle et scientifique. L'harmonie de ces deux modes de fonctionnement de l’esprit humain engendre l’équilibre.

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Sur le plan de son fonctionnement, le cerveau est comparable à un immense central téléphonique compliqué. Le cerveau enregistre toutes les sensations que lui envoient nos cellules, les trie, les compare, en tire des conclusions, les retransmet et les emmagasine en mémoire. Immédiatement ou après en avoir référé à notre jugement, il commande des réflexes ou des gestes raisonnés.

Le cerveau est la tour de contrôle de notre corps. Il doit être tenu au courant rapidement des besoins de l'organisme et des ressources disponibles dans l'environnement pour les satisfaire. Il y parvient grâce à un vaste réseau de câbles disséminés partout dans l'organisme : les nerfs. Avec le cerveau et la moelle épinière, ils forment le système nerveux.

Que l’on s’en persuade : l’ordinateur le plus puissant au monde, le plus sophistiqué et le plus moderne que l’homme ait pu créer sur la Terre avec toute sa science et tout le génie créateur dont il est capable n’est qu’un vulgaire jouet à côté du cerveau dans lequel 1 million de milliards de connections électro-chimiques sont constamment en opération pour informer le central!

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Le cerveau est un objet tellement prodigieux que beaucoup d’esprits athées se réfugient derrière son extraordinaire complexité (et la faiblesse de nos connaissances) pour réduire le fait religieux au seul exercice des fonctions cérébrales. La foi serait ainsi le fruit d’un mécanisme mental purement naturel, non le résultat du phénomène surnaturel d’une rencontre avec Dieu.

Quoiqu'il en soit de ces assertions - qui peuvent aussi avoir un intérêt dans une perspective croyante (en ce qu’elles affirment le caractère naturel et profondément humain de la croyance religieuse) - ces brillants esprits omettent de s’interroger... sur le cerveau lui-même, son existence, son origine, et sur les raisons qui expliquent pourquoi il fonctionne comme cela. Or, il me paraît capital de réfléchir à ces interrogations fondamentales, tant la question métaphysique de l’existence de Dieu me paraît se jouer là avec une particulière acuité. Quand on a tout expliqué par le cerveau (y compris la religion, les états mystiques, les phénomènes para-normaux...), il reste à expliquer le cerveau lui-même.

J’ai toujours tenu pour ma part le cerveau humain comme la preuve la plus éclatante de l’existence de Dieu, que l’on pourrait définir à ce stade de notre réflexion comme une Intelligence Créatrice Supérieure.

Une Intelligence : car le cerveau lui-même est une merveille d’intelligence. Il ne peut être que le produit d'une Pensée particulièrement géniale.
Créatrice : car le cerveau humain n’a pas toujours existé – il  commencé d’être. Il ne peut être que l'effet d'une Puissance créatrice, capable de poser dans l'être des êtres qui ne préexistaient pas.
Supérieure : car la somme des plus grands cerveaux que notre planète ait jamais portée n’a jamais été capable de réaliser quelque chose qui ressemblât, fût-ce de très loin, au cerveau humain. Celui-ci ne peut procéder que d'une Réalité intelligente supérieure à l'homme. Celle-ci est manifestement invisible, puisque l'homme apparaît comme le sommet de l'univers - et qu'on ne lui observe rien de supérieur, au moins sur le plan de l'intelligence. Mais elle n'en est pas moins réelle puisqu'on en voit les effets avec le cerveau humain qui dépasse infiniment tout ce que l'homme peut imaginer et réaliser par ses propres forces.

Si le hasard seul a pu provoquer l’apparition de ce trésor de sophistication et de complexité intelligente qu’est le cerveau, alors cela veut dire que le hasard lui-même est plus intelligent que l’intelligence elle-même. Est-il vraiment raisonnable de le croire ?

De deux choses l’une : ou bien le hasard ne peut pas être plus intelligent que l’intelligence. Et dans ce cas, le cerveau ne peut pas exister - or, il existe. Ou bien le hasard peut être infiniment plus intelligent que l’intelligence de tous les savants du monde entier et de l’histoire réunis. Et c’est ce fameux "hasard" intelligent que nous nommons Dieu.


Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article

vendredi 26 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (7)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°17 posté par le Pasteur Eric

J'ai fait un peu de recherches aujourd'hui : la citation de Macchabée se traduit littéralement ainsi : "ne les a pas fait de choses qui étaient". Une expression entre autre utilisée dans les mythes de création grec pour parler du chaos primitif... Le rien au sens de néant se dit oudeis en grec et ce n'est pas le terme utilisé ici.

Réponse au Commentaire n°17

Cher Pasteur,

A mon tour, je me suis permis une petite recherche sur le mot hébreu "bara", que l'on traduit par "créa" au premier verset du livre de la Genèse : "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre".

Il est vrai que ce terme n'implique pas nécessairement, comme notre mot "créer" peut le suggérer en français, l'absence de toute matière déjà existante : mais il faut observer que dans la Bible, lorsque ce verbe désigne une action exercée sur une matière existante, il se met à une autre forme (pihel, béré) et a pour sujet un être humain et pour objet la matière même sur laquelle le travail s'exerce (Josué 17.15), tandis que dans la forme employée ici, il a toujours pour sujet Dieu et pour objet le résultat de l'action accomplie (Isaïe 43.1).

Du reste l'hébreu a d'autres expressions pour désigner l'action de Dieu sur une matière existante : asa, faire (versets 7, 16, etc.), jatsar, former (2.7), etc.

Mis en relation, comme il l'est ici, avec l'idée de commencement, ce mot ne peut désigner que la formation ex-nihilo de la matière  ; autrement il faudrait admettre que, dans la pensée de l'auteur, le chaos est apparu de lui-même ou qu'il est éternel, deux suppositions qui seraient évidemment contraires à l'intuition de tout le récit.

Commentaire n°18 posté par le Pasteur Eric

Navré Matthieu, mais je ne vois pas très bien comment vous pouvez prétendre saisir l'intuition du texte sans tenir compte ni de l'historico-critique (le récit de la création est une réécriture de mythes babyloniens qui ne parlent pas de création ex-nihilo), ni de la sémantique (le Tohu Bohu n'est pas le rien - le terme utilisé alors en hébreux serait hebel, la brise, le presque rien). Bara est utilisé lorsque Dieu crée l'homme (or dans l'idée de la Genèse, l'homme n'a pas été tiré du néant), et à de nombreuses autres reprises dans un sens qui ne veut pas dire ex nihilo (quand Dieu crée l'artisan ou le destructeur (Esaïe LIV, 16, il ne les tire pas du néant ) Il n'y a donc aucune raison probante pour lire bara comme indiquant une création ex-nihilo... Libre à vous de le croire, bien sûr, je ne fais pas de mon point de vue un dogme mais je pense qu'une autre lecture est possible et légitime...

Mais surtout, dans la pensée de l'auteur, comme vous dites, la question de la provenance de ce Tohu Bohu à partir duquel Dieu crée le ciel et la terre ne se pose absolument pas (sinon, il le dirait). Petit rappel, le Beth qui commence la Genèse est considéré dans la pensée juive comme une sorte de mur de Planck, quelque chose qui est inconnaissable pour l'esprit humain. De toute façon, je maintiens que le récit de la création n'est pas un récit sur l'origine mais bien plus un récit de promesse : le 7ème jour est bien plus important que le 1er et c'est vers là qu'il nous faut tourner nos regard. La science nous renseignera peut-être un jour sur ce qui fut à l'origine, mais c'est vers le but que la foi nous pousse à nous tourner et c'est là que la révélation biblique joue un rôle...

Réponse au Commentaire n°18

Et comment les juifs interprètent-ils ces versets de leur Bible? 😀

Commentaire n°19 de ti'hamo

Pour revenir sur l'évolution, rappelons quand-même qu'en sa forme première, cette théorie extrapole un fait observé et compris (par Darwin et quelques autres à une époque ou ce fait n'avait pas encore été si bien décrit et compris) : l'évolution INTRA-espèce, à l'échelle de l'ensemble des espèces, c'est à cire l'évolution INTER-espèce, d'une espèce à l'autre, qui n'est ni observable ni vérifiable.

...un peu comme affirmer que d'autres espèces humaines ayant intelligence, philosophie, capacité de création et d'amour, ont déjà existé, autres que nous : c'est s'avancer un peu loin quand on ne trouve que des fragments de squelettes (ou alors je me mets dès aujourd'hui à la squelettomancie).

Bien sûr, concernant l'évolution des espèces, il peut s'agir d'une intuition de génie, mais alors le mécanisme proposé n'est absolument pas satisfaisant (se contenter de dire que les plus faibles se font bouffer et se dire que, comme ça se passe sur très longtemps, il pourrait bien se passer en milliards d'années ce qui ne se passe pas en milliers d'années... : très artificiel, comme extrapolation. pas convainquant.) (d'autant que, appliqué tel quel, le principe de sélection naturelle risque de montrer qu'au contraire aucune évolution lente par étape n'est possible, c'est d'ailleurs à cette dernière affirmation que je souscris).

Quant à partir du principe que "oui mais la majorité des scientifiques pense ceci donc ça m'a l'air très vrai et on va s'en tenir là" ou, plus exact, "oui mais les échos vulgarisateurs qui s'échappent de la communauté scientifique jusqu'à nous présentent les choses ainsi, donc ça doit être vrai",
non seulement c'est là une attitude fort peu scientifique (puisqu'elle revient à s'interdire d'aller explorer ailleurs),
mais c'est avouer très mal connaître l'histoire des sciences.
A l'époque de Pasteur, celui-ci passait pour un peu sympathique hérétique avec sa lubie de vouloir (l'idiot !) prouver la non-réalité du principe de génération spontanée (qui faisait alors quasi-l'unanimité). De même les débats sur l'éther, le phlogistique, la nature de la lumière.

C'est aussi faire bien peu de cas du biais introduit dès l'origine dans la construction et la compréhension de l'évolution, puisque justement certains ont voulu, à l'époque, en faire bien plus qu'une théorie scientifique, et en faire une preuve de la non-existence de Dieu (en passant d'ailleurs par des impostures scientifiques te création de faux fossiles).

Or ce biais est resté, dans beaucoup d'esprits. Et les travaux remettant en cause certains principes de la sélection naturelle (mais non de l'évolution !), sont actuellement mis sur la touche d'emblée, et a priori, pour des motifs non scientifiques.
(donc, non, ce n'est pas de la paranoia de croire la communauté scientifique non indemne de malhonnêteté, conflits d'intérêt, mesquineries, esprit dogmatique et manque d'ouverture. c'est juste la connaître et ne pas s'en faire une vision idyllique, parce qu'on ne s'appelle pas Voltaire.)

... sur la création "ex-nihilo", il me semble que St Augustin a pas mal discuté le sujet, et assez bien conclu... ...que finalement (après plusieurs pages de questions et développements, tout de même) d'après lui, peu importe que la Création telle que nous la connaissons soit ex-nihilo ou à partir d'une matière première informe (et il dit bien que le récit de la Genèse peut s'interpréter dans les deux sens !), puisqu'alors même cette manière informe devrait bien avoir trouvé son origine en Dieu.

... Enfin, quant au fait que Dieu ne soit pas appréhendable par la raison :
- dans ce cas, c'est rien qu'un vieux sadique ("allez, je vous donne un moyen de comprendre et appréhender le monde qui vous entoure, mais il vous servira à rien, vous arriverez pas jusqu'à moi, j'ai brouillé les pistes")
- "être appréhendable par la raison" ne fait pas que Dieu soit "inféodé à la raison" ; ce serait seulement, dans cette optique, qu'il nous donne un moyen naturel de l'appréhender, et qu'en même temps il se met à notre portée ; or, justement, il me semble que cela correspond assez bien au Dieu que j'ai croisé dans la Bible ou les Evangiles : un Dieu jamais totalement compréhensible, ni visible, ni totalement appréhendable, tellement "gigantesque" métaphysiquement parlant... ...et qui pourtant se met à la portée de sa création et de son peuple (palabrer pendant 3 heures pour savoir à combien de justes on estime la ville, en partageant un méchoui, pour l'Etre Originel à l'Origine de Toute Chose et de Tout Univers, quand-même... voire s'"abaisser" à supplier et pleurer son peuple de revenir à lui...)
(et à ce sujet si la genèse n'était qu'une reprise de mythes babyloniens, ça poserait un problème puisque ces civilisations vénèrent la nature ou des forces de la nature personnifiées, alors que la Genèse affirme que la Nature n'est rien que la création de Dieu, qu'elle ne tire pas son existence d'elle-même, et que les "forces de la Nature" sont rien que des luminaires ou de la flotte)

Le dieu qu'on voit là, justement ne reste pas caché (et, à ce sujet : non plus, il ne reste toujours pas caché - nous parlons de Nature? et bien mais toute la nature me parle de Dieu - de l'immensément grand au minusculement petit, et du moindre subtil mécanisme)

Commentaire n°20 posté par le Pasteur Eric 

Plusieurs choses comme ça, sans être scientifique mais en ayant quand même un peu lu sur la raison...

Si, l'évolution inter-espèce est observable. Bien sûr vous n'allez pas voir un dinosaure se transformer en oiseau mais l'étude des fossiles, de l'anatomie des animaux correspondent justement à ce qu'on pourrait s'attendre à voir selon la théorie de Darwin. Or c'est justement comme ça que la science fonctionne : une théorie et des faits qui lui donnent raison jusqu'à ce qu'un fait vienne casser le paradigme. Après, sur le mécanisme de l'évolution, là c'est vrai qu'il y a débat...

Pareil pour les différentes espèces humaines : Néanderthal n'est pas Sapiens mais il enterre ses morts de façon rituelles, il fabrique des bijoux. Bref lui prêter des sentiments semblables aux nôtres, n'est pas une pure extrapolation mais bien l'hypothèse la plus vraisemblable. Et ça pose quand même une question sérieuse à l'idée de l'homme comme aboutissement de la création...

Pour Saint Augustin, je viens de finir La création du monde et malgré tout mon respect pour l'auteur, je n'y vois aucune démonstration. Dire "seul Dieu est incréé donc le Tohu Bohu est créé" ce n'est pas une démonstration.

Réponse au Commentaire n°20

Cher Pasteur,

Sur Sapiens, je vous renvoie à ce que nous échangions plus haut.

Sur le Tohu Bohu, j'avoue ne pas très bien saisir où vous voulez en venir. Que souhaitez-vous démontrer? Que le Tohu-Bohu est incréé? Qu'il y aurait donc de l'être en dehors de Dieu? Tout cela n'est pas sans poser un certain nombre de difficultés, ainsi que je vous l'écrivais plus haut.

Commentaire n°21 posté par le Pasteur Eric

Qu'il y ait de l'être en dehors de Dieu ne pose problème qu'à une vision augustinienne de Dieu, vision qui doit (sur ce point prècis) plus à Platon qu'à la Bible. Augustin tient absolument à ce que Dieu soit l'être suprême des philosophes grecs...

Pour le reste il s'agissait surtout de corriger ce qui me semblait être des écarts de langage...

Réponse au commentaire n°22

"Qu'il y ait de l'être en dehors de Dieu ne pose problème qu'à une vision augustinienne de Dieu, vision qui doit (sur ce point prècis) plus à Platon qu'à la Bible."

Connaissez-vous cher Pasteur ce très beau texte de Platon?

"C'est [dans le Christ] que TOUT a été créé,
dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles et les puissances invisibles :
TOUT est créé par lui et pour lui.
Il est avant TOUS les êtres,
et TOUT subsiste en lui."
(Col 1. 16-17)

Ou cet autre :

"Par [le Verbe] TOUT s'est fait,
et RIEN de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui"
(Jn 1. 3)

Commentaire n°23 posté par ti'amo

...ah, oui, je me disais, aussi...

Si la Genèse relit les mythes babyloniens en montrant ce qu'ils ont de faux et de n'importe quoi, donc il ne s'agit absolument pas d'une reprise de ces mythes, ou alors j'ai rien compris. (bon, alors, la Genèse, en fait, c'est rien qu'une reprise des mythes babyloniens sauf que ça n'a rien à voir.)

mercredi 24 avril 2019

L'existence de Dieu : affaire de foi ou de raison?


"Il m'est évident qu'il y a un Être nécessaire, éternel, suprême, intelligent ;ce n'est pas de la foi, c'est de la raison"

"On peut trouver, par le seul raisonnement, des preuves de la création. 
Or, en voyant que la matière n’existe pas par elle-même et n’a pas le mouvement par elle-même, etc., on parvient à connaître qu’elle doit être nécessairement créée."

Voltaire

mardi 23 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (6)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°16 posté par Miky

Cher Matthieu,

Ce que j'ai dit des "débuts" de l'univers peut être transposé tel quel à ses "fins", même dans l'hypothèse d'un univers en expansion.

Le site que tu... cites, mentionne ceci : "Pour simplifier, l’univers ne connaît pas la mort dans le temps, mais il connaît la mort du temps, et donc de l’espace. Autrement dit, la question de la naissance et la mort de l’univers ne se pose ni dans le temps ni dans l’espace. Ils sont eux mêmes la trame de l’univers."

C'est exactement ce que je dis. Si le "début" et la "fin" de l'univers sont le "début" et la "fin" de l'espace-temps, alors l'univers est éternel en ce sens que l'on ne peut penser son "début" et sa "fin", que ce sont des abstractions de l'esprit. Comment veux-tu que l'écoulement du temps puisse amener l'univers à un instant où le temps n'existe pas ? Comment veux-tu que le temps soit apparu à un instant avant lequel il n'existait pas ? S'il n'y a pas de temps, alors il n'y a pas de sens à parler d'instants, d'avant, d'après, de causalité, etc.

Si tu te poses les questions : "qu'y avait-il avant le temps ?", "qu'y avait-il après le temps ?", "quelle est la cause du temps ?", tu emplois des concepts qui n'ont de sens qu'inscrit dans une temporalité. Tu supposes donc l'existence d'un temps avant le temps, d'un temps après le temps, etc. (et tu y places ton Dieu qui, un jour, a décidé de créer l'univers [ce faisant : tu emplois encore des catégories de temps]). Mais ce temps avant le temps, ce temps après le temps, posent les mêmes questions... Après "quelques tours de manivelles", il faut se rendre à l'évidence : le "commencement" du temps ne s'inscrit pas dans le temps, la "fin" du temps ne s'inscrit pas dans le temps, le temps lui-même ne s'inscrit pas dans le temps (il n'y a pas de sens à se demander à quelle vitesse le temps s'écoule puisque toute vitesse se mesure par rapport au temps).

Comme l'explique le site : le temps et l'espace sont eux-mêmes la trame de l'univers.

Se demander ce qu'il y avait avant le temps et ce qu'il y aura après le temps, c'est du même genre que se demander ce qu'il y a au sud du pôle sud et au nord du pôle nord.

Ce qui serait plus adéquat de dire, c'est que l'espace-temps existe de toute éternité, hors du temps, et qu'il mesure X milliards d'années de durée et Y milliards de kilomètres de circonférence. Sachant qu'il faut éviter la tentation que l'on a de vouloir le mesurer "de l'extérieur", en l'imaginant inclus dans quelque chose de plus vaste, ce qui n'est pas forcément le cas.

Il y a deux apories contradictoires au sujet du temps :
- soit on le conçoit comme éternel au sens d'une durée infinie, ce qui est rationnellement inconcevable ;
- soit on suppose que le temps est apparu à un moment donné, et qu'avant il n'existait pas, ce qui est rationnellement inconcevable également car on utilise des concepts temporels en dehors du domaine où ces concepts prennent sens.

La meilleure conception, c'est d'admettre à la fois que le temps est fini, mais qu'il n'a pas de limites, de la même manière qu'une sphère est finie mais n'a pas de limites. On ne peut pas sortir du temps, de même qu'un être bidimensionnel qui vivrait "dans" la surface d'une sphère ne peut pas sortir de cette sphère. On peut aussi dire que le temps a bien des limites, mais ces limites sont hors du temps, donc éternelle, de même que la sphère a bien des limites, mais ces limites sont hors de la sphère, elles correspondent à la sphère qui entoure immédiatement cette sphère et à la sphère qui est entourée immédiatement par cette sphère, ce qui introduit en passant une dimension supplémentaire.

Bien sûr, si l'univers est en expansion perpétuelle, alors il s'agit davantage d'un entonnoir que d'une sphère, mais le principe reste le même.

Sinon merci, mais je ne suis pas désespéré et je ne cherche pas à tout prix à sauvegarder l'éternité de l'univers car je trouve que ça serait chouette et super cool si un bon Dieu qui m'aime personnellement existait et qu'on pouvait le prouver... Malheureusement, malgré tes tentatives de fonder son existence sur les difficultés de notre esprit à appréhender la complexité de l'univers, il reste un fait concret et bien établi qui vient balayer ton château de cartes : ce Dieu s'arrange pour ne pas dévoiler sa présence ou est dans l'incapacité de nous la dévoiler. Dès lors, se pose la question de sa bonté et de sa puissance...

La seule position qui me paraît raisonnable sur Dieu consiste à le placer dans les trous de la connaissance, non pas dans les trous temporaires, qu'une meilleure connaissance pourrait venir combler, mais dans les trous incomblables car présupposés par l'activité même de connaître : les principes premiers de la connaissance ne peuvent, en effet, pas être l'objet de la connaissance, et laissent une marge de manoeuvre pour la croyance. Ils constituent la part de mystère résiduelle et insondable de l'univers, le "point aveugle" qui permet la "vision" de l'univers.

La seule position raisonnable sur Dieu est donc une sorte de déisme agnostique qui pose un principe absolu qui fonde ontologiquement la connaissance mais qui n'intervient pas (ou alors de manière indétectable) dans le cours des choses, et qui semble indifférent aux personnes prises individuellement.

Réponse au Commentaire n°16

Cher Miky,

Tu reprends un passage du site sur lequel je te renvoyais, qui postule que "la question de la naissance et de la mort de l’univers ne se pose ni dans le temps ni dans l’espace." Peut-être… mais elle se pose quand même, objectivement, à l’homme temporellement et spatialement situé qui cherche à comprendre le monde dans lequel il vit !

"Si le "début" et la "fin" de l'univers sont le "début" et la "fin" de l'espace-temps, alors l'univers est éternel en ce sens que l'on ne peut penser son "début" et sa "fin", que ce sont des abstractions de l'esprit." Un univers éternel Miky n’est pas un univers dont on ne peut penser le début et la fin, mais un univers qui n’a ni début ni fin, ce qui n’est pas la même chose.

"Comment veux-tu que l'écoulement du temps puisse amener l'univers à un instant où le temps n'existe pas ? Comment veux-tu que le temps soit apparu à un instant avant lequel il n'existait pas ? S'il n'y a pas de temps, alors il n'y a pas de sens à parler d'instants, d'avant, d'après, de causalité, etc." Ici, deux remarques : tu dis qu’il n’y a pas d’instant avant et qu’il n’y a pas d’instant après, mais tu en déduis un peu hâtivement (je trouve) qu’il n’y a pas à parler d’instants ! Car s’il n’y a pas de temps avant ni de temps après l’univers et son espace-temps, il y a bien un temps pendant, un espace-temps qui est celui-là même de l’univers ! Et c’est de cela dont il convient de rendre compte sur le plan philosophique.

Deuxième remarque : tu vas un peu vite en besogne en déclarant qu’il n’y a pas lieu de s’interroger sur la cause de l’univers. Tu précises ta pensée au paragraphe suivant : "Si tu te poses les questions : "qu'y avait-il avant le temps ?", "qu'y avait-il après le temps ?", "quel est la cause du temps ?", tu emplois des concepts qui n'ont de sens qu’inscrit dans une temporalité." : Eh bien pas du tout ! Je ne m’intéresse pas à la cause temporelle de l’univers, mais à sa cause ontologique. Lorsque j’affirme ma foi en un Dieu Créateur, Cause première de l’univers dans lequel nous vivons, je fais référence à un Dieu éternel, qui par définition est en dehors du temps et de l’espace propres à notre univers – qui est l’œuvre de Dieu et ne se confond pas avec son Créateur. [Rappelons au passage que les scientifiques se sont souvent gaussés de cette conception d’un Dieu au-delà du temps et de l’espace – cet "au-delà" leur apparaissant inconcevable dans un cosmos longtemps imaginé éternel dans le temps et infini dans l’espace. C’est la réalité positive elle-même (non les prêtres) qui allait manifester aux savants du monde entier – avec la découverte du Big Bang – cet « au-delà » du temps et de l’espace qui, bien qu’il reste impossible à imaginer, se tient de l’autre côté du mur de Planck… avec la clef du mystère de nos existences. NDLR]

Après, victime sans doute de l’emballement de ta pensée, tu en viens à énoncer deux absurdités (au sens propre du terme) :

- "le "commencement" du temps ne s'inscrit pas dans le temps, la "fin" du temps ne s'inscrit pas dans le temps, le temps lui-même ne s'inscrit pas dans le temps". Ben voyons ! Le temps ne s’inscrit pas dans le temps, l’univers ne s’inscrit pas dans l’espace, donc, si l’espace-temps, qui est la "trame" de l’univers, n’existe pas, alors l’univers lui-même n’existe pas, et en fait tout cela n’est qu’illusion… Tu as entendu parler du principe de non-contradiction?

- "Ce qui serait plus adéquat de dire, c'est que l'espace-temps existe de toute éternité, hors du temps" : je trouve fascinant que tu considères intellectuellement satisfaisant de dire que "le temps existe hors du temps"! Non, ce qui serait adéquat de dire, c’est que l’espace-temps existe réellement – qu’il n’est pas une illusion – et qu’il a été créé par un Être qui, Lui, est en dehors du temps. Cela paraît moins fumeux comme raisonnement que d’énoncer des sophismes absolument étrangers à l’expérience concrète que nous avons de l’univers.

Car enfin, si l’univers est né (peu importe "quand" finalement : on ne sait pas non plus "quand" Jésus est né, mais ce n’est pas vraiment là l’essentiel) ; si l’univers croît et se développe, et s’il meure un jour comme semble bien le croire le monde scientifique (peu importe "quand") ; si aucun univers ne précède notre univers et si aucun univers ne le suit, comme cela semble le cas (l’hypothèse des univers successifs ne s’appuie sur aucune base scientifique) ; alors la conclusion s’impose : notre univers n’est pas éternel – il ne peut être considéré comme tel.

Et en admettant qu’il le soit avec les caractéristiques que lui reconnaissent aujourd’hui la science (imaginons par exemple que la "fine pointe d’épingle" de laquelle jaillit le Big Bang existe de toute éternité, et que l’univers ayant achevé sa course s’enfonce dans la nuit et le froid pour l’éternité), alors la question qui se pose à notre humaine intelligence se veut plus pressante encore : que s’est-il passé pour que l’univers sorte subitement de sa léthargie "éternelle" pour se mettre en mouvement et entrer dans un cycle unique et irréversible de "naissance-croissance-mort" jusqu’à retourner, à la fin, à sa léthargie originelle, pour l’"éternité" ?

Tu vois donc Miky que la question n’est pas tant de savoir ce qu’il y a à l’extérieur de la "sphère" (pour reprendre ton image), que de savoir ce qu’est la sphère elle-même - et pourquoi elle existe. Quand tu as fini d’expliquer ta théorie sur le temps, tu n’as encore rien expliqué de l’univers.

"… malgré tes tentatives de fonder l’existence de Dieu sur les difficultés de notre esprit à appréhender la complexité de l'univers, il reste un fait concret et bien établi qui vient balayer ton château de cartes : ce Dieu, s'arrange pour ne pas dévoiler sa présence ou est dans l'incapacité de nous la dévoiler. Dès lors, se pose la question de sa bonté et de sa puissance..."
1°) Je ne crois pas du tout que l’esprit humain ait quelque difficulté à appréhender la complexité de l’univers, qu’il perçoit au contraire de plus en plus et de mieux en mieux à mesure que la science progresse. Mais précisément, face à cette complexité qui est une réalité, je trouve pour le moins téméraire de postuler par avance que Dieu n’existe pas, comme si cela allait de soi et constituait une évidence. Je sais bien que ce n’est pas tout à fait ton cas Miky, mais je m’adresse ici aux véritables athées : il n’est pas raisonnable, compte tenu de ce que nous savons de notre univers, d’exclure a priori et définitivement l’existence d’un Dieu Créateur.
2°) Si Dieu n’est pas immédiatement visible aux yeux des hommes, c’est peut-être parce que nous ne savons plus voir ni penser correctement. Personnellement (et sans vouloir me donner en exemple) la moindre fleur me parle de Dieu, comme le ciel étoilé parlait au cœur d’Abraham Lincoln.

lundi 22 avril 2019

"Les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l'impuissance"


"La Croix a gagné les esprits au moyen de prédicateurs ignorants, et cela dans le monde entier.

Il ne s’agissait pas de questions banales, mais de Dieu et de la vraie foi, de la vie selon l’Evangile, du jugement futur.

Elle a donc transformé en philosophes des rustres, des illettrés. Voilà comment la folie de Dieu est plus sage que l’homme, et sa faiblesse, plus forte.

Comment est-elle plus forte ? Parce qu’elle s’est répandue dans le monde entier, qu’elle a soumis tous les hommes à son pouvoir, et qu’elle a résisté aux innombrables adversaires qui voulaient faire disparaître le nom du Crucifié.

Au contraire, ce nom s’est épanoui et propagé ; ses ennemis ont péri, ont disparu ; les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l’impuissance.

Aussi, quand un Grec dit que je suis fou, il manifeste que lui-même l’est au maximum, puisque moi qu’il juge fou, je me montre plus sage que les sages ; s’il me traite de faible, il se montre lui-même plus faible encore. En effet, ce que des publicains et des pécheurs ont pu réussir par la grâce de Dieu, les philosophes, les rhéteurs, les tyrans, bref la terre entière, dans toute son étendue n’a même pas été capable de l’imaginer.

C’est en pensant à cela que Paul disait : la faiblesse de Dieu est plus forte que tous les hommes. Que la prédication soit l’œuvre de Dieu, c’est évident ici.

Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l’idée d’une pareille entreprise, eux qui vivaient auprès des lacs et des fleuves et dans le désert ?

Eux qui n’avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ?

Ils étaient craintifs et sans courage ; celui qui écrit sur eux le montre bien, lui qui n’a voulu ni excuser ni cacher leurs défauts. C’est là une preuve très forte de vérité.

Que dit-il donc à leur sujet ? Quand le Christ fut arrêté, après avoir fait d’innombrables miracles, la plupart s’enfuirent, et celui qui était leur chef de file ne resta que pour le renier. 

Ces hommes étaient incapables de soutenir l’assaut des Juifs quand le Christ était vivant. Et lorsqu’il fut mort et enseveli, alors qu’il n’était pas ressuscité, qu’il ne leur avait donc pas adressé la parole pour leur rendre courage, d’où croyez-vous qu’ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? 

Est-ce qu’ils n’auraient pas dû se dire : Qu’est-ce que cela ? Il n’a pas été capable de se sauver lui-même, et il nous protégerait ? Quand il était vivant, il n’a pas pu se défendre, et maintenant qu’il est mort, il nous tendrait la main ? Quand il était vivant, il n’a pu se soumettre aucune nation, et nous allons convaincre la terre entière en proclamant son nom ? Comment ne serait-il pas déraisonnable, non pas même de le faire, mais seulement d’y penser ? 

La chose est évidente ; s’ils ne l’avaient pas vu ressuscité et s’ils n’avaient pas eu la preuve de sa toute puissance, ils n’auraient pas pris un risque pareil."

Saint Jean Chrysostome (P.G. 61, 34-36)

dimanche 21 avril 2019

Joyeuse fête de Pâques!

CHRIST EST RESSUSCITE!

« Ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus ;
sur lui la mort n'a plus aucun pouvoir »
(Rm 6. 9)

« La volonté de celui qui m'a envoyé,
c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés,
mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Car la volonté de mon Père,
c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui
obtienne la vie éternelle ;
et moi, je le ressusciterai au dernier jour »
(Jn 6. 39-40)

samedi 20 avril 2019

Catéchèse P. Billecocq (3) - Dieu existe

Avertissement : l'abbé Gabriel Billecocq est prêtre de la Fraternité Saint Pie X qui se situe depuis 1988 en dehors de l'Eglise catholique. Je diffuse son petit catéchisme dans la mesure où il enseigne fidèlement la foi catholique et en raison aussi de ses talents pédagogiques indéniables dont je trouve qu'il serait dommage de se priver. Recevons avec bienveillance son enseignement et prions pour que la Fraternité Saint Pie X retrouve un jour - et le plus tôt sera le mieux - le chemin de la pleine communion avec Rome.

mercredi 17 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (5)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°15 posté par le Pasteur Eric

Je suis désolé Matthieu, mais je ne peux pas vous laisser dire que le libéralisme théologique et le refus d'une foi dogmatique et prétendument (le terme n'est pas à prendre de façon péjorative) rationnelle nourrissent l'athéisme. Et ce pour trois raisons :

Historique d'abord : A l'époque du géocentrisme, la terre au centre de l'univers montrait bien qu'il était raisonnable de croire en Dieu qui avait ainsi mit le joyau de sa création au centre. Il était impensable qu'on puisse prouver le contraire et pourtant... A l'époque du fixisme, la perfection de la nature où chaque chose avait sa place depuis la nuit des temps montrait bien qu'il était raisonnable de croire en Dieu qui avait fait une création parfaite. Il était impensable qu'on puisse prouver le contraire et pourtant... Aujourd'hui dites-vous, la tendance de l'évolution vers la perfection de l'homme montre bien qu'il est raisonnable de croire en Dieu qui a fait de l’homme le sommet de sa création. Il vous parait impensable qu'on puisse prouver le contraire et pourtant les faits sur lesquels reposent certains scientifiques pour dire que l'évolution semble se faire à tâton, à coup d'extinction de masse et d'impasse évolutive me paraissent assez convaincants. Je ne reviens pas sur ce débat mais il me paraît quand même évident que ce qui a le plus nourrit l'athéisme, c'est l'affirmation de preuves (ou de signes forts) de l'existence de Dieu qui se sont avérées fausses (et le refus des religieux d’admettre leurs erreurs).

Philosophique ensuite : je suis navré mais pour le croyant que je suis, les arguments de Miky et d'autres philosophes athées me paraissent meilleurs que les vôtres. Donc, si ma foi me venait de ma raison, je serais athée. Fort heureusement, Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages (1 Corinthiens 1, 27 – et je vous invite à relire tout le développement de Paul sur la folie de la croix).

Personnelle enfin : Vous avez vu que d'après mon parcours, si je n'avais pas trouvé une Eglise qui me permette de découvrir que Dieu était bien plus que les images qu'on m'en avait donné au catéchisme ; si ma lecture de la Bible ne m'avait pas montré un Dieu toujours inattendu et surprenant et très différent de celui qu'attaquent les athées anti-religieux, il est très probable que je serais athée ou agnostique, ou vaguement déiste. J'ai un certain nombre de paroissiens et de collègues qui sont dans le même cas (issus d'Eglises plus dogmatiques que la nôtre).

Attention, je ne dis pas cela pour affirmer la supériorité de l'Eglise réformée mais plutôt pour souligner l'importance de l'existence de différentes Eglises (je sais aussi que des gens issus du protestantisme réformé ont découvert que le protestantisme évangélique ou le catholicisme romain leur parlait davantage du Dieu sauveur).

Bref, je suis vraiment ravi de discuter avec vous, de découvrir une pensée et une expression de foi qui est à la fois à des lieues de la mienne et à la fois très proche. Je vous remercie de votre franchise et de vos critiques, mais de grâce, essayons d'éviter les accusations faciles (sans doute ne suis-je pas exempt de tous reproches sur ce point non plus...).

Réponse au Commentaire n° 15

Cher Pasteur,

Je voudrais revenir sur votre réflexion concernant la folie de la Croix.

"Si ma foi me venait de ma raison, je serais athée, fort heureusement Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages (1 corinthiens 1, 27)"

1°) Il me semble que vous confondez là la proclamation de l’Evangile avec la question métaphysique de l’existence de Dieu qui n’est pas un article de foi, mais un préambule à la foi.

C’est ce qu’écrivait Thomas d’Aquin dans sa Somme Théologique : "l’existence de Dieu et les autres vérités sur Dieu qui peuvent être connues par la raison naturelle ne sont pas des articles de foi, mais des préambules à ces articles. En effet, la foi présuppose la connaissance naturelle, comme la grâce présuppose la nature (…).Toutefois, rien n’empêche que ce qui, de soi, est objet de démonstration et de science, ne soit reçu comme objet de foi par celui qui ne peut saisir la démonstration".

Voltaire – qui n’était pas "catholique romain" – sera dans la même ligne sur ce point : "On peut trouver, par le seul raisonnement, des preuves de la création. Or, en voyant que la matière n’existe pas par elle-même et n’a pas le mouvement par elle-même, etc., on parvient à connaître qu’elle doit être nécessairement créée."

2°) Ce texte sur la folie de la Croix n’abroge pas les autres textes sur la Sagesse de Dieu ! Il y a même un passage plus haut dans le texte que vous citez que je me permets fraternellement de vous rappeler, le verset 21 : "Puisque le monde, avec toute sa sagesse, n’a pas su reconnaître les œuvres de la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Evangile".

Ainsi donc, la Croix est folie pour les hommes qui ne savent plus aimer, comme la doctrine de la Création est folie pour les hommes qui ne savent plus penser.

mardi 16 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (4)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°11 posté par Miky

Cher Matthieu,

Je me permets de répondre juste à ceci, pour le moment : "Alleluia Miky, te voilà croyant ! Car l’univers n’étant pas lui-même éternel, tu démontres ainsi la nécessité de l’existence d’un Être éternel pour susciter l’être même de l’univers. Eh bien, c’est cet Être éternel que nous appelons Dieu. Et moi qui te croyais athée…" Sauf que je parlais de L’être, là où toi tu parles d’UN être en particulier (fut-il suprême). Et à mon avis, c'est là une regrettable erreur... L'être ne s'identifie pas à UN être, car ce dernier ne peut être UN être que parce que L'être est. C'est comme en informatique, il ne faut pas confondre les classes et les objets qui instancient ces classes. Autrement dit, en identifiant l'être à un être on commet une confusion de niveaux ontologiques, une erreur de catégorie, on prend un "universal" pour un "particulier" et inversement.

Evidemment, ce n'est pas la seule différence entre nos vues, puisque outre le fait que tu assimiles l'être à un être, tu affubles cet être de tout un ensemble de propriétés "anthropomorphiques" comme la bonté, la volonté, etc.

Réponse au Commentaire n°11

Cher Miky,

Admettons que Dieu n'existe pas (ou que UN Être n'existe pas, au sens où te le définis). Il y a L'être, tout simplement. Je suppose que tu veux nécessairement parler de l'être de l'univers, parce que je ne vois pas d'autre être possible si Dieu n'existe pas.

Le problème, c'est que notre univers n'existe pas de toute éternité. L'être de l'univers n'a pas toujours existé (comme l'être de Miky n'a pas toujours existé ; pourtant l'être de Miky existe aujourd'hui). Alors... L'énigme demeure : d'où vient l'être de l'univers qui a commencé d’être?

Commentaire n°12 posté par Miky

Cher Matthieu,

Il y a l'univers avec un petit u, celui qui "commence" avec le Big-Bang. Il y a l'Univers avec un grand U, qui possiblement contient plusieurs univers en parallèle, en succession (Big-Crunch --> Big-Bang --> Big-Crunch --> etc.) ou les deux. Cet Univers avec un grand U s'identifie à l'être. Cela ne fait pas de L'être UN être car il m'apparaît problématique de considérer l'Univers comme UN être. L'Univers peut être défini comme l'ensemble de tous les êtres, or l'ensemble de tous les êtres ne peut pas être lui-même UN être car sinon, il devrait s'inclure lui-même pour être l'ensemble de tous les êtres.

S'il n'existe qu'un univers, le nôtre, alors l'ensemble de cet univers, du Big-Bang qui le "commence" et du Big-Crunch éventuel qui le "termine", constitue l'Univers. Je te rappelle que le Big-Bang lui-même est en dehors du temps et de l'espace (on dit parfois qu'il a "eu" lieu partout et nulle part à la fois) ; c'est pourquoi on ne peut remonter jusqu'à lui par la science. L'image d'un Big-Bang qui serait comme une grande explosion ayant lieu à un moment et à un endroit est approximative et métaphorique. Le terme de "singularité" rend bien compte du caractère paradoxal pour l'esprit du Big-Bang.

Réponse au Commentaire n°12

Cher Miky,

Quand je te lis, j'ai quand même l'impression que celui de nous deux qui jongle avec les théories les plus audacieuses, c'est bien toi!

Tu évoques ainsi le Big Crunch. Mais cette théorie est aujourd'hui abandonnée pour des raisons physiques (densité de l'univers trop faible). [Je lui communique quelques liens internet à ce sujet.]

On en revient donc à ce que je te disais dans ma Réponse au Commentaire n°11.

Commentaire n°13 posté par Miky

Oui, le Big-Crunch est probablement infirmé pour notre univers (c'est pourquoi j'ai dit "éventuel"), mais cela n'enlève pas sa possibilité pour d'autres univers éventuels... De toute façon, je ne vois pas ce que cela enlève à mon propos. Peux-tu me le dire ?

S'il n'existe qu'un seul univers, le nôtre, alors l'ensemble de cet univers et du Big-Bang qui le "commence" constitue l'Univers, etc.

Cet Univers, qu'on le conçoive comme formé d'un seul univers ou de plusieurs univers qui se succèdent les uns les autres, cet Univers donc, pourquoi ne serait-il pas éternel ?

Réponse au Commentaire n°13

D'autres univers éventuels... Ton propos me laisse songeur, Miky. Ca me paraît bien plus difficile à avaler que l'existence d'un Dieu créateur, tu ne crois pas?

Un univers éternel? Alors là je décroche, Miky, je ne te suis plus. Si notre univers a eu un commencement (le Big Bang), et s'il aura une fin (programmée, fut-ce lointainement dans 10 puissance 1076 ans), je ne vois pas très bien comment l'on peut maintenir la théorie de l'éternité...

Commentaire n°14 posté par Miky

Je répète que ces univers ne sont qu'une hypothèse invérifiable et métaphysique. Tu as parfaitement le droit de ne pas y croire, je suis moi-même sceptique à leur sujet. Mais je ne trouve pas cette hypothèse plus dure à avaler que celle d'un Dieu créateur. Elle est du même tonneau, si ce n'est qu'elle dispose d'un verni plus scientifique. Pourquoi trouves-tu l'hypothèse "Dieu créateur" moins dure à avaler ? Je serais curieux de le savoir...

Pour répondre à la suite de ton propos, supposons que notre univers est le seul, ce sera plus simple.

J'ai mis "commencement" entre guillemets, cela a son importance. On ne peut pas dire, strictement parlant, que un jour, quelque part, il y eu une grande explosion, le Big Bang, qui fit naître l'univers". Les notions de temps, d'espace voire de causalité n'ont plus de sens en-deçà du mur de Planck.

C'est un peu comme le champ visuel : il est fini (tu ne vois pas tout partout) mais illimité en ce sens que tu ne peux pas en percevoir un bord, car pour se faire il te faudrait réussir à voir de part et d'autre de ce bord, ce qui est bien entendu impossible.

Bref, "l'instant initial", c'est le mur de Planck ; "l'âge de l'univers", c'est la fin de l'ère de Planck. La singularité dénommée "Big Bang" se "situe" hors des catégories d'espace et de temps car ces catégories sont "créées" par le Big Bang lui-même (et il n'y a pas de sens à dire que cette "création du temps" se situe à un moment du temps ou que la "création de l'espace" se situe à un certain endroit de l'espace).

Réponse au Commentaire n°14

... sauf qu'un jour, la matière et l'espace-temps dont tu parles disparaîtront [Je lui communique un lien sur la fin programmée de l’univers].

Je vois mal en conséquence comment ce qui finira un jour peut être considéré comme éternel.

Et je vois mal également comment ce qui a une fin peut ne pas avoir eu de commencement.

Mais je comprends parfaitement, Miky, tes efforts désespérés pour sauvegarder l'éternité de l'univers, car si l'univers comporte un commencement absolu, je pense que tu seras d'accord avec moi pour considérer que l'athéisme est impensable.

Cela dit, je rassure tout de suite le Pasteur Eric, dont j'entrevois le froncement de sourcils : je ne fais nullement dépendre ma foi de la supériorité d'une théorie scientifique sur une autre, fût-elle admise par la majorité de la communauté scientifique. Car autant l'athéisme est inconcevable dans une cosmologie où le monde commence d'exister, autant la foi en un Dieu créateur n'est nullement incompatible avec l'hypothèse d'un univers éternel : que l'univers soit éternel ne prouve pas qu'il soit incréé. Mais ceci est un autre débat...

dimanche 14 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (3)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur "Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°10 posté par Miky

Hello Pasteur Eric,

Bravo pour toutes ces interventions sensées auxquelles je souscris largement et qui vont, je l'espère, me faciliter le travail ! Je trouve important que quelqu'un comme toi qui a la foi tombe d'accord avec ma critique des arguments de Matthieu, laquelle n'est en rien une objection à l'existence de Dieu, mais une objection aux tentatives de fonder l'existence de Dieu sur la raison logique et/ou empirique.

Pour Matthieu, "L'homme est le sommet de la Création : c'est vrai aussi, me semble-t-il, dans l'ordre naturel. Ce n'est bien sûr pas par sa taille ou par sa résistance qu'il faut le considérer par rapport à tous les autres animaux, mais précisément par ce par quoi il est à l'image et à la ressemblance de Dieu : son intelligence créatrice, et sa capacité à dominer la nature et à la transformer (sa capacité à aimer aussi)."

Donc : tu admets que pour que l'évolution de la vie vers l'intelligence soit un argument en faveur de l'existence de Dieu, il faut préalablement admettre... l'existence de Dieu ! Puisque sans lui, il n'y a aucune raison de privilégier l'intelligence plutôt que la taille, la résistance, etc.

"Je crois avoir démontré que la foi en un Dieu Créateur de toute chose ex nihilo ne procède pas seulement d’une affirmation dogmatique purement gratuite, mais résulte également d’une analyse philosophique qui tient compte du donné des sciences positives." Désolé mais une création ex nihilo est en complète opposition avec les principes de la philosophie et de la science. Le principe logique d'identité affirme en effet (sous sa formulation ontologique) que : l'être est, le non-être n'est pas. Ce n'est pas juste un constat empirique si j'ose dire, c'est une caractérisation d'essence : il est de la nature de l'être... d'être ! C'est une nécessité ontologique. Par conséquent, il n'y a pas lieu de se demander pourquoi il y a de l'être plutôt que du non-être, car il est nécessaire, ontologiquement, qu'il y ait de l'être et qu'il n'y ait pas de non-être. Et qui dit "nécessaire" dit aussi : "de tout temps". Par conséquent, pas besoin de rechercher une cause ou origine de l'être. L'être est par lui-même, de toute éternité.

"Eh bien moi, cher Pasteur, je trouve malhonnête "qu’une partie importante et reconnue des scientifiques parle d’accident et de contingence aveugle", faisant ainsi passer de pures spéculations philosophiques pour des théories scientifiques." Excuse moi Matthieu, mais je te trouve plutôt "gonflé" sur ce coup-là ! Ne sombrons pas dans la paranoïa : penses-tu vraiment que la plupart des scientifiques défendent une idéologie envers et contre tout ? Dans quel but ? Quels éléments de preuves peux-tu apporter concernant cette affirmation ? Tu nages en pleine "théorie du complot"...

Jusqu'à preuve du contraire, il revient à la communauté scientifique prise dans son ensemble de définir ce qu'est la science. Si cela ne te convient pas, libre à toi de créer ta propre doctrine, mais merci de ne pas appeler cela de la science...

Enfin, que connais-tu vraiment de la science, de l'épistémologie, de l'activité des chercheurs ? As-tu une formation universitaire dans ces domaines ? Je ne trouve pas très modeste l'attitude qui consiste à critiquer le dur labeur des scientifiques parce que l'on n'a pas forcément compris leurs méthodes, leurs principes, leurs théories, etc. et qu'on ne veut pas l'admettre. Tu n'en as peut-être pas conscience, mais tous tes raisonnements contiennent d'importants présupposés métaphysiques, ils ne relèvent pas d'une démarche purement rationnelle, logique, scientifique, comme tu voudras. Ces présupposés métaphysiques ne sont pas nécessairement faux, mais ils ne sont pas nécessairement partagés par tout un chacun. De là, les difficultés que tu as à me convaincre et à convaincre les athées, agnostiques, et même certains croyants (comme Eric) de la pertinence de ta démarche. Ce n'est pas une question de mauvaise foi ou de dureté de coeur comme aiment à le répéter inlassablement de trop nombreux croyants qui fustigent et stigmatisent à loisir les mécréants de passage (ton coreligionnaire Yves s'en est fait une spécialité...), c'est une question de postulats, principes méthodologiques, présomptions métaphysiques, etc. qui ne sont pas les mêmes.

Tu dis : "Je trouve pour ma part ahurissant que des scientifiques osent dire : "Il est inutile d'avoir un raisonnement philosophique sur la question de l'évolution, notre science suffit à tout expliquer!"" : Moi aussi je trouve cela ahurissant : une réflexion philosophique est nécessaire pour critiquer correctement les prétentions à la scientificité de l'Intelligent Design et montrer la scientificité du néodarwinisme.

"Comme l'écrivait Etienne Wolff (…): "Lorsqu'[un biologiste en embryologie]a démontré avec succès certains mécanismes, (…) il n'a pas expliqué (…) pourquoi tout se met en place suivant un plan rigoureux et une chronologie précise, comme si tout était prévu et harmonisé à l'avance"..." Ah, mince, j'avais mal lu : par "philosophie" tu entendais "bien sûr" "philosophie au service de la théologie", de la même façon que par "science" tu entends "science au service de la théologie" :-)

Réponse au Commentaire n°10

Cher Miky,

Je suis heureux en un sens que tes positions soient aussi radicalement opposées aux miennes. Les débats entre nous n’en auront que plus de piquant.

Je ne suis pas très étonné que le Pasteur et toi vous retrouviez ensemble dans cette discussion. Le Pasteur me met en garde contre le risque pour ma foi de trop vouloir chercher à la justifier par la raison. Mais je constate qu’à trop négliger la raison dans la démarche de foi, on court le risque de nourrir l’athéisme…

"Tu admets que pour que l'évolution de la vie vers l'intelligence soit un argument en faveur de l'existence de Dieu il faut préalablement admettre... l'existence de Dieu" : Absolument pas ! Je ne crois pas du tout qu’il faille nécessairement être croyant pour reconnaître que l’homme, son cerveau, sa pensée, soit la plus grande merveille que l’univers ait pu produire. Mais la phrase que tu extraits (malicieusement) de son contexte s’inscrit dans une controverse avec un frère protestant. Il n’est dès lors pas étonnant que l’existence de Dieu apparaisse entre nous comme un présupposé.

"Désolé mais une création ex nihilo est en complète opposition avec les principes de la philosophie et de la science. (…) L'être est, le non-être n'est pas. (…) Il est de la nature de l'être... d'être ! C'est une nécessité ontologique. Par conséquent, il n'y a pas lieu de se demander pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que du non-être, car il est nécessaire, ontologiquement, qu'il y ait de l'être et qu'il n'y ait pas de non-être. Et qui dit "nécessaire" dit aussi : "de tout temps". Par conséquent, pas besoin de rechercher une cause ou origine de l'être. L'être est par lui-même, de toute éternité." Alleluia Miky, te voilà croyant! Et c’est la raison qui t’y a conduit ! Car l’univers n’étant pas lui-même éternel, tu démontres ainsi la nécessité de l’existence d’un Être éternel pour susciter l’être même de l’univers. Eh bien, c’est cet Être éternel que nous appelons Dieu. Et moi qui te croyais athée… 😄

"Excuse moi Matthieu, mais je te trouve plutôt "gonflé" sur ce coup-là ! Ne sombrons pas dans la paranoïa : penses-tu vraiment que la plupart des scientifiques défendent une idéologie envers et contre tout ? Dans quel but ? Quels éléments de preuves peux-tu apporter concernant cette affirmation ? Tu nages en pleine "théorie du complot"..." Là encore, Miky, un peu de rigueur ! Relis bien le contexte : je ne fais que reprendre les termes du Pasteur, auxquels je n’adhère naturellement pas. Pour connaître un peu le monde scientifique, je sais que les opinions y sont très partagées et que nos amis savants sont beaucoup plus humbles que certains de leurs confrères à une certaine époque…

"Tu n'en as peut-être pas conscience, mais tous tes raisonnements contiennent d'importants présupposés métaphysiques, ils ne relèvent pas d'une démarche purement rationnelle, logique, scientifique, comme tu voudras" : je ne crois pas cette remarque justifiée. Je te concède qu’en ce qui me concerne, ma "religion" est faite, mais je m’efforce dans mes dialogues avec des personnes athées de partir de leur propre point de vue excluant tout présupposé religieux. Par contre, je ne m’interdis pas de raisonner ensuite sur le plan philosophique et de démontrer que l’exploration du réel conduit naturellement à l’hypothèse d’un Créateur. J’essaie ensuite d’expliquer pourquoi les options alternatives ne me paraissent pas raisonnables.

samedi 13 avril 2019

Catéchèse P. Billecocq (2) - Le Credo


Avertissement : l'abbé Gabriel Billecocq est prêtre de la Fraternité Saint Pie X qui se situe depuis 1988 en dehors de l'Eglise catholique. Je diffuse son petit catéchisme dans la mesure où il enseigne fidèlement la foi catholique et en raison aussi de ses talents pédagogiques indéniables dont je trouve qu'il serait dommage de se priver. Recevons avec bienveillance son enseignement et prions pour que la Fraternité Saint Pie X retrouve un jour - et le plus tôt sera le mieux - le chemin de la pleine communion avec Rome.

vendredi 12 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (2)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur "Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°7 posté par le Pasteur Eric

Tout le problème vient apparemment du fait que nos catégories théologiques ne sont pas les mêmes. Dieu EST, nous sommes d'accord ; et il EST de toute éternité, là encore nous sommes d'accord. Est ce que la matière est de toute éternité ? Je n'ai jamais rien affirmé de tel, bien au contraire. Je me contente de dire que la Genèse me parle d'un Dieu qui ordonne un chaos sans me dire d'ou vient ce chaos. J'apprécie assez l'exégèse juive qui explique que si la première lettre de la Bible est le B du Berechit, c'est que nous ne savons pas ce qui se passe avant l'acte d'agencement du Tohu Bohu. De même, non seulement la Bible ne définit jamais Dieu mais encore elle refuse les définitions, la réponse de Dieu à Moïse JE SUIS est une non-réponse...

Votre théologie est celle du dogme, c'est à dire que vous définissez Dieu (l'être absolu, pur esprit, tout puissant, infiniment bon et puissant, omniscient, éternel, etc.), vous posez des vérités incontestables, et à partir de ces dogmes vous relisez l'histoire du monde.

Ce n'est pas comme cela que je vois la théologie. Pour moi, il s'agit d'un discours toujours humain et imparfait sur la relation de Dieu à l'homme. Un discours qui est forcément tributaire de la vision que nous avons du monde. Ainsi, je ne crois pas mon discours sur le Dieu électeur soit meilleur ou plus vrai que l'aristotélisme de Thomas d'Aquin ou que le géocentrisme médiéval, il me semble simplement reposer sur que nous savons aujourd'hui de notre monde. Aujourd'hui, demain, d'autres que moi devront inventer d'autres discours, de nouvelles théologies pour rendre compte avec de nouveaux mots, de nouvelles idées de cette bonne nouvelle que Dieu nous adresse.

Deux dernières remarques, je n'ai jamais dit non plus que l'acte créateur de Dieu ne concernait que l'humanité (il y a pour moi un vieil homme comme un homme nouveau et une nature et une création). Quant à la citation de Jérémie, elle n'a rien à voir avec la question de la création qui nous occupe ni avec la nature et la place de l'homme dans celle-ci. Jérémie fustige les idolâtres qui voient leurs dieux de pierre et de bois comme créateurs (attention aux versets bibliques sortis de leur contexte).

Réponse au Commentaire n°7

Cher Pasteur,

Je crois avoir démontré que la foi en un Dieu Créateur de toute chose ex nihilo ne procède pas seulement d’une affirmation dogmatique purement gratuite, mais résulte également d’une analyse philosophique qui tient compte du donné des sciences positives.

Quant au fondement biblique du "dessein intelligent" (c’est-à-dire de l’évolution orientée) et de la place tout à fait unique de l’homme dans l’univers, il me paraît que le premier récit de la Création (Gn 1) auquel vous faites référence dans votre dernier commentaire suffit amplement. Dieu conduit la matière du Tohu Bohu à la vie, puis de la vie à l’homme, ainsi que les sciences naturelles le confirment dans leur domaine propre. La proposition théologique de "l’homme accident" ne me paraît ni biblique, ni conforme à ce que nous savons aujourd’hui des sciences de la nature.

Commentaire n°8 posté par le Pasteur Eric

En fait ce qui me gène le plus dans votre discours, c'est que vous asservissiez à ce point la science à la théologie. Tant qu'une partie importante et reconnue des scientifiques parle d'accident, de contingence aveugle (lisez donc des auteurs non chrétiens), il est malhonnête de dire que l'homme accident n'est pas conforme à ce que nous savons des sciences de la nature...

De plus, je ne reproche pas au dogme d'être gratuit, je lui reproche de croire que la pensée humaine peut capturer l'être de Dieu (c'est un autre de mes points de désaccords fondamentaux avec le discours de Benoît XVI à Ratisbonne : Dieu n'est pas assujetti à la raison).

Enfin, si l'univers tel que nous le connaissons est l'expression d'un Dieu tout puissant et infiniment bon, je serais curieux de savoir comment vous expliquez rationnellement qu’un Dieu bon a pu fixer des lois naturelles qui nous font vivre dans un univers ou la vie se repaît de la mort.

Réponse au Commentaire n°8

Eh bien moi, cher Pasteur, je trouve malhonnête "qu’une partie importante et reconnue des scientifiques parle d’accident et de contingence aveugle", faisant ainsi passer de pures spéculations philosophiques pour des théories scientifiques.

"Comment un Dieu bon a pu fixer des lois naturelles qui nous font vivre dans un univers ou la vie se repaît de la mort ?". C’est la grande question de tous les athéismes. C’est aussi la grande question posée par la Bible : pourquoi y a-t-il dans le monde du mal et de la souffrance? Pourquoi la mort, la "prédation" disiez-vous ? Vous aurez un début de réponse si vous tournez les pages de votre Bible pour vous rendre au chapitre 3 du livre de la Genèse. Vous y verrez que ce monde matériel dans lequel nous vivons n’est pas le paradis terrestre, qu’il n’est pas le monde tel que Dieu l’a voulu et conçu originellement, et que si ce monde reste fondamentalement bon, il n’en est pas moins profondément abîmé, altéré dans son intégrité originelle, "cassé", suite au péché de nos premiers parents.

Commentaire n°9 posté par le Pasteur Eric

Alors là, je ne comprends pas très bien... Le dessein intelligent que vous professez est une démarche philosophique mais les scientifiques que j'ai lu ne disent pas que les mécanismes de l'évolution prouvent qu'il n'y a pas de Dieu ou de dessein ; ils disent "il est inutile d'avoir recours au concept d'un dessein intelligent pour expliquer l'évolution". C'est un peu comme si vous disiez que la loi de la pesanteur est une preuve de l'existence de Dieu. Vous avez en tant que croyant le droit d'y voir un signe de l'existence de Dieu et de louer Dieu pour cette loi mais il me parait légitime que d'autres vous disent que cela ne prouve rien...

Quant au péché originel expliquant la force destructrice de la nature, désolé mais que la faute de l'homme "casse" la nature entière est une explication à laquelle même le chrétien convaincu que je suis ne peut adhérer...

Réponse au Commentaire n°9

Je trouve ahurissant pour ma part que des scientifiques osent dire : "Il est inutile d'avoir un raisonnement philosophique sur la question de l'évolution, notre science suffit à tout expliquer!" Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. Ce mépris affiché de la réflexion philosophique est typique d'une pensée "positiviste" qui a tout d’une philosophie et rien d’une science… mais que l’on veut faire passer pour de la science!

Comme l'écrivait Etienne Wolff, un maître de la biologie contemporaine, professeur au Collège de France : "Lorsqu'[un biologiste en embryologie] a démontré avec succès certains mécanismes, lorsqu'il a prouvé qu'une différenciation en commande une autre, qu'un tissu exerce une induction sur un autre tissu par l'intermédiaire de substances chimiques, il n'a pas expliqué pourquoi ces substances apparaissent à un moment précis du développement et à un emplacement déterminé de l'embryon, pourquoi tout se met en place suivant un plan rigoureux et une chronologie précise, comme si tout était prévu et harmonisé à l'avance"...

jeudi 11 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (1)

La publication de la courte citation d'Albert Vandel sur "Ce que nous enseignent les sciences de la nature" a suscité un débat fleuve avec les lecteurs du blog Totus Tuus. En voici la première partie.

Commentaire n°1 posté par le Pasteur Eric

Navré Matthieu, mais il me semble que pour beaucoup d'autres chercheurs plus récents, l'évolution soit plutôt lue comme un buissonnement que comme allant dans un sens précis. C'est par exemple le cas de la théorie synthétique de l'évolution. Je te recommande chaleureusement la lecture de Stephen Jay Gould pour lire une approche absolument pas théologique ni athéologique de la question...

Réponse au Commentaire n°1

Merci cher Pasteur de cette précision, mais je ne vois pas en quoi cette théorie que vous évoquez aurait plus de poids que celle de Michael Denton, qui est un auteur tout à fait récent.

Commentaire n°2 posté par le Pasteur Eric

Ce n'est pas à moi de prouver quelle théorie à le plus de poids, je disais juste que la théorie synthétique de l'évolution était le consensus actuel des chercheurs et que ceux-ci s'accordent également à voir l'évolution comme un buisson plutôt que comme une échelle.

En fait, je suis très réticent à donner – pour des raisons théologiques – plus de poids à une théorie scientifique qu'à une autre. On a vu ce que ça a donné quand l'Eglise s'est mise en tête de combattre l'héliocentrisme...

Réponse au Commentaire n°2

Cher Pasteur,

Je ne m'attache à aucune théorie scientifique. Voilà pourquoi la théorie de l'Evolution ne me gène aucunement.

Ce que je conteste en revanche, c'est la tentative d'explication du phénomène par le hasard, qui n'est absolument pas raisonnable – ni scientifique –, j'aurai l'occasion de développer ce point ultérieurement.

Maintenant, que l'Evolution se fasse "en échelle" ou par "buissonnement" ne change rien au problème de fond soulevé par le fait que cette Evolution se déroule toujours dans le sens d'une complexification croissante, cela jusqu'à l'homme, son cerveau et son intelligence. Il me paraît important de rendre compte de cet étrange phénomène sur le plan métaphysique... surtout si l'on entend exclure par avance l'intervention surnaturelle d'un Créateur!

Commentaire n°3 posté par le Pasteur Eric

Justement, le problème c'est que voir dans l'évolution un buisson ne permet pas de dire que l'évolution va jusqu'à l'homme et son intelligence. Dans cette vision des choses, l'homme n'est pas le point culminant de l'évolution mais simplement un rameau de ce buisson.

Ce que les faits montrent, par exemple c'est que si l'homo sapiens sapiens est aujourd'hui le seul représentant de l'humanité, d'autres représentants existèrent (le plus célèbre étant l'homme de Néandertal notre cousin qui était tout aussi doué d'intelligence et de conscience que nous). Et c'est gênant si on veut prouver scientifiquement le Dieu créateur. Mais à travers la Bible, Dieu est bien plus un Dieu électeur qu'un Dieu créateur (le créationisme – au sens biblique du terme – est une théologie relativement récente et marginale...).

Réponse au Commentaire n°3

1°) Vous dites que rien ne permet d'affirmer que l'Evolution va jusqu'à l'homme et son intelligence : et pourtant l'homme et son intelligence se trouvent au terme du processus évolutif. C’est là un fait scientifiquement établi. Eh bien, c'est cela précisément qu'il convient d'expliquer philosophiquement : est-ce que l'homme et son intelligence peuvent provenir des lois du hasard? Ou bien sont-ils le résultat nécessaire du processus évolutif – le fruit d'un dessein intelligent comme l'existence de lois inscrites au coeur même de la nature peut le laisser à penser?

2°) La théorie du rameau du buisson ne me gène pas plus que de savoir que la terre n'est pas physiquement le centre de l'univers. Et l'existence de "cousins" en humanité montrerait bien que des rameaux pourtant indépendants les uns des autres peuvent évoluer malgré tout... dans le même sens.

Commentaire n°4 posté par le Pasteur Eric

L'être humain au sommet de la Création ? Si, comme j'en ai l'impression, par Création vous entendez Nature, c'est une affirmation très discutable. En effet, vous choisissez comme critère l'intelligence qui nous arrange le mieux. Mais choisissons d'autres critères : la taille par exemple, et la baleine bleue devient le sommet de la Création, ou alors le nombre, et c'est je ne sais quel insecte qui l'emporte ; la résistance et nous nous retrouvons loin derrière les cafards ; la cohésion sociale et les fourmis nous battent à plate couture ; la durée et les dinosaures nous surpassent qui ont régné sur la terre pendant 30 millions d'année et loin devant eux les arthropodes...

Quant au hasard, je pense que c'est mal connaître les théories de Darwin. Pour Darwin la sélection naturelle – et donc la contingence – est l'élément dominant de l'évolution. Contingence et hasard ne sont pas la même chose... Et si c'est Dieu qui a fixé les lois de la contingence et de la sélection naturelle, alors on tombe sur la vraie question philosophique : pourquoi un Dieu bon crée-t-il un univers basé sur la prédation...

Décidément, je crois que la science nous pousse à revenir vers le Dieu électeur, le Dieu qui choisi des origines...

J'aime énormément le psaume 8 "qu'est ce que l'homme pour que tu pense à lui et tu en as fait presque un Dieu" (de mémoire). Il me semble contenir :
- une affirmation scientifique : l'homme n'est vraiment pas grand chose face à l'univers
- et une affirmation théologique : Dieu le choisit, lui donne une importance...

Réponse au Commentaire n°4

OK, le problème est donc théologique.

J'avoue avoir bien du mal à vous suivre. Dieu créé l'homme à son image et à sa ressemblance, n'est-ce pas? Il me semble avoir lu ça quelque part dans la Bible... L'homme occupe donc une place à part dans la Création. Il est "la seule créature sur Terre que Dieu a voulue pour elle-même" (CEC). Et tout dans l'univers a été créé pour lui. L'homme est donc bien le sommet de la Création divine. Voilà pour le donné théologique.

Maintenant, c'est vrai : j'ai la faiblesse de croire que les sciences naturelles corroborent cette affirmation théologique. L'homme est le sommet de la Création : c'est vrai aussi, me semble-t-il, dans l'ordre naturel. Ce n'est bien sûr pas par sa taille ou par sa résistance qu'il faut le considérer par rapport à tous les autres animaux, mais précisément par ce par quoi il est à l'image et à la ressemblance de Dieu : son intelligence créatrice, sa capacité à dominer la nature et à la transformer – sa capacité à aimer aussi.

Quant à Darwin : la théorie de la sélection naturelle désigne bien un processus aveugle, mécanique, algorithmique, largement gouverné par le hasard.

Commentaire n°5 posté par le Pasteur Eric

Dieu crée l'homme à son image, je suis entièrement d'accord avec ça et notamment avec l'usage du présent. C'est bien une affirmation théologique et pas scientifique. Dieu nous façonne pour nous rendre conforme à son projet.

Mais là où nous différons, c'est que pour moi la Nature n'est pas la Création. La nature est la matière brute et vivante dans laquelle Dieu crée. Si vous voulez, je mets une différence importante entre la matière première (la nature) et le résultat (ou même l'étape intermédiaire) la Création (le résultat final de la Création sera le Royaume). Du coup, il ne me paraît absolument pas gênant de considérer l'humain comme un accident d'une évolution due à une contingence aveugle et de dire que Dieu choisit cet accident de l'évolution pour en faire sa Créature.

Autrement dit, nous ne voyons pas l'acte créateur de Dieu au même endroit : pour ma part, je n'affirmerais pas que la transformation d'un primate en être humain est l'oeuvre créatrice de Dieu. Je ne le nie pas forcément, non plus. Je n'en sais rien mais pour moi, l'oeuvre de Dieu se situe plutôt (et de façon bien plus manifeste) dans la conversion et dans l'inspiration.

Les récits de Création ne me parlent pas, de façon imagée, de ce qui fut à l'aube des temps ; ils me disent le projet de Dieu et la situation de l'homme aujourd'hui.

Réponse au Commentaire n°5

Je considère pour ma part, comme catholique, que l'ensemble du monde matériel a été créé par Dieu, qui "a fait le ciel et la terre" (Ps 115.15 ; 124.8 ; 134.3), et que Dieu n'a eu besoin d'aucune matière première préexistante pour créer. Dieu crée librement, ex-nihilo.

"Quoi d'extraordinaire si Dieu avait tiré le monde d'une matière préexistante? Un artisan humain, quand on lui donne un matériau, en fait tout ce qu'il veut. Tandis que la puissance de Dieu se montre précisément quand Il part du néant pour faire tout ce qu'Il veut." (St Théophile d'Antioche ).

La foi en la création "de rien" est explicitement attestée dans l'Ecriture au 2e livre des Maccabées (7. 22-23. 28) : "Mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a fait de rien et que la race des hommes est faite de la même manière".

Commentaire n°6 posté par le Pasteur Eric

Le problème c'est que les textes de la Genèse ne parlent pas d'une création ex nihilo (Dieu crée en ordonnant le Tohu Bohu qui n'est pas du rien). Quant à votre référence scripturaire : je rappelle que les livres des Macchabée sont très tardifs et n'appartiennent pas au canon du judaïsme et leur appartenance à la Bible est donc réfutée également par les protestants...

Mais en fait mon intervention n'a pas pour but de casser ou critiquer votre foi, simplement de dire que l'hypothèse d'un dessein intelligent n'est nécessaire ni à une approche scientifique, ni à une approche théologique.

Ce n'est donc pas votre foi que je conteste ici mais plutôt le caractère raisonnable que vous lui revendiquez et qui me paraît la desservir in fine... Si un jour, la convergence aveugle est prouvée (comme l'a été l'héliocentrisme), que restera-t-il de votre foi ?

Réponse au Commentaire n°6

Cher Pasteur,

Je vous rassure : je n’ai perçu aucune agression de votre part au sujet de ma foi. Je ne saurais même assez vous remercier pour vos commentaires, qui m’incitent à la plus grande rigueur intellectuelle. Je m’enrichis vraiment à dialoguer avec vous.

"Si un jour, la convergence aveugle est prouvée (comme l'a été l'héliocentrisme), que restera-t-il de votre foi ?" Je vois mal personnellement comment une telle hypothèse pourrait être scientifiquement prouvée, dans la mesure où la question de la cause première de l’évolution (hasard ou dessein intelligent) échappe complètement à l’investigation scientifique. Le scientifique observe, décrit des mécanismes, il explique comment les choses se sont faites historiquement (avec des zones d’ombres notables), il dégage des lois, mais il ne lui appartient nullement de déterminer pourquoi les choses se sont déroulées de telle manière plutôt qu’une autre. Cela est du ressort de la réflexion métaphysique et théologique.

Au sujet de votre théorie de l’élection, j’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment il pourrait exister de l’être en dehors de Dieu – sans Dieu, indépendamment de Dieu.

Si tel était le cas, cela voudrait dire alors que la matière existe par elle-même de toute éternité ; qu’elle est sans cause et incréée ; ce qui me paraît poser un double problème, philosophique et scientifique.

- Philosophique : car si je peux comprendre que Dieu n’ait pas de cause (puisqu’Il est l’Être nécessaire), il me paraît difficile d’admettre que la matière, elle non plus, n’en ait point. Elle serait alors bien plus mystérieuse que Dieu Lui-même…

- Scientifique : car ce que nous enseignent les sciences positives aujourd’hui, c’est que notre univers en tous ses composants matériels a eu un commencement (cf. le Big Bang), à partir duquel on lui peut lui déterminer un âge. On le voit donc : rien n’étaye sur le plan scientifique la théorie de l’éternité de la matière.

Bien étrange en vérité serait cette matière capable de produire l’homme par ses seules ressources, sans l’intervention créatrice de Dieu qui ne ferait que prendre acte, si j’ose dire, de son évolution naturelle pour en cueillir le plus beau fruit – l’homme – et en faire sa créature (si je comprends bien votre théorie de l’élection).

Quant aux fondements théologiques de cette théorie qui fait de l’homme un simple "accident" de la nature, ils me paraissent hautement discutables. "Ils disent au bois : tu es mon père, et à la pierre : tu m’as mis au monde" (Jérémie, 2. 27).

L’argument du caractère tardif de la doctrine de la Création me paraît peu convaincant : la doctrine de la Résurrection est plus tardive encore ; elle est pourtant le socle solide sur lequel repose toute la foi chrétienne.