Suite à mes premiers échanges avec Miky (ici et là), un premier article de fond s'imposait sur la question de la "preuve" de l'existence de Dieu. Le voici – repris du blog Totus Tuus et corrigé.
Cher Miky,
Je souhaiterais réagir aux commentaires que tu as laissés à l’article "La terre : une planète spécialement configurée pour donner la vie".
"Si ton but, écris-tu, à travers cette série d'articles, est de démontrer rationnellement et/ou empiriquement seulement, l'existence (probable) de Dieu, ton entreprise est vouée à l'échec (…). Si tu dis qu'il est raisonnable de croire parce que l'objet de cette croyance (et non pas l'attitude de croire) disposerait lui-même d'appuis rationnels, alors je pense qu'il y a peut-être un problème." (Commentaire n°1)
Comme j’ai pu l’indiquer dans mon article introductif auquel tu te réfères – ainsi que dans mes premières réponses –, les sciences expérimentales et mathématiques ne fournissent pas de preuves de l'existence de Dieu.
L’existence de Dieu ne se démontre ni par l'observation ni par le calcul parce que Dieu n’est pas un élément du monde – un objet parmi les autres objets. Il n’est pas situable par rapport à nous : il n’occupe aucune place en hauteur ou en profondeur, il ne s’articule pas sur les phénomènes de l’univers. Dès lors, il ne peut être objet d’investigation scientifique : il ne fait pas corps avec le monde physique que scrutent nos savants.
Notre imagination ne pouvant se représenter que des réalités matérielles, on pourrait être tenté de penser que Dieu n'est pas une réalité parce qu'il n'est pas matériel. Mais est-il vrai qu'il n'est de réalité que matérielle? C'est cela qui est en question dans le problème de l'existence de Dieu. Que Dieu ne soit pas matériel – ou étendu – ne signifie pas nécessairement qu'Il n'est pas ; c'est peut-être au contraire qu'Il est, et qu'Il est trop – au point de transcender la matière. Car la matière restreint ; elle limite. "L'étendue n'est (...) pas une condition nécessaire de l'être ; elle suppose au contraire une restriction ou une limitation dans l'être. Par conséquent, de ce que Dieu n'est pas un corps, un être étendu, que nous puissions saisir avec nos sens, étreindre des bras du corps, voir de nos yeux et entendre de nos oreilles, il ne s'ensuit pas qu'il soit moins réellement et moins véritablement que les êtres corporels qui nous entourent et que nous pouvons atteindre ainsi. Il est infiniment plus réellement et plus véritablement qu'eux ; et si nous ne pouvons pas Le saisir avec nos sens, nous pouvons Le saisir avec notre intelligence, ce qui est un mode d'étreinte et de possession autrement intime, autrement parfait et autrement durable que le mode d'étreinte et de possession purement sensible" (Thomas Pègues, in Commentaire littéral de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin, Prima Pars, Q3, a1)
Ce n'est donc pas par nos sens que l'on trouve Dieu – mais par notre intelligence, en raison même de ce qu'est Dieu. Cela se comprend lorsqu'on se rappelle qu'il est de la nature de l'intelligence de percevoir l'être, comme il est de la nature de la vue de percevoir la lumière et de la nature de l'ouïe de percevoir le son. Si Dieu est l'Être absolu duquel dépend ontologiquement tous les êtres, l'intelligence humaine saura Le percevoir à travers l'existence de tous les êtres – de tous ces êtres de notre réalité matérielle qui ne peuvent avoir leur raison d'être première et fondamentale qu'en Lui.
"Quand on parle de preuves de l’existence de Dieu, déclarait Jean-Paul II dans son audience générale du 10 juillet 1985, il faut souligner qu’il ne s’agit pas de preuves "scientifico-expérimentales". Les preuves scientifiques, au sens moderne du mot, valent seulement pour les choses perceptibles aux sens, car c’est seulement sur celles-ci que peuvent s’exercer les instruments de recherche et de contrôle dont se sert la science. Vouloir une preuve scientifique de Dieu signifierait abaisser Dieu au rang des êtres de notre monde, et donc se tromper déjà méthodologiquement sur ce qu’est Dieu."
Notre imagination ne pouvant se représenter que des réalités matérielles, on pourrait être tenté de penser que Dieu n'est pas une réalité parce qu'il n'est pas matériel. Mais est-il vrai qu'il n'est de réalité que matérielle? C'est cela qui est en question dans le problème de l'existence de Dieu. Que Dieu ne soit pas matériel – ou étendu – ne signifie pas nécessairement qu'Il n'est pas ; c'est peut-être au contraire qu'Il est, et qu'Il est trop – au point de transcender la matière. Car la matière restreint ; elle limite. "L'étendue n'est (...) pas une condition nécessaire de l'être ; elle suppose au contraire une restriction ou une limitation dans l'être. Par conséquent, de ce que Dieu n'est pas un corps, un être étendu, que nous puissions saisir avec nos sens, étreindre des bras du corps, voir de nos yeux et entendre de nos oreilles, il ne s'ensuit pas qu'il soit moins réellement et moins véritablement que les êtres corporels qui nous entourent et que nous pouvons atteindre ainsi. Il est infiniment plus réellement et plus véritablement qu'eux ; et si nous ne pouvons pas Le saisir avec nos sens, nous pouvons Le saisir avec notre intelligence, ce qui est un mode d'étreinte et de possession autrement intime, autrement parfait et autrement durable que le mode d'étreinte et de possession purement sensible" (Thomas Pègues, in Commentaire littéral de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin, Prima Pars, Q3, a1)
Ce n'est donc pas par nos sens que l'on trouve Dieu – mais par notre intelligence, en raison même de ce qu'est Dieu. Cela se comprend lorsqu'on se rappelle qu'il est de la nature de l'intelligence de percevoir l'être, comme il est de la nature de la vue de percevoir la lumière et de la nature de l'ouïe de percevoir le son. Si Dieu est l'Être absolu duquel dépend ontologiquement tous les êtres, l'intelligence humaine saura Le percevoir à travers l'existence de tous les êtres – de tous ces êtres de notre réalité matérielle qui ne peuvent avoir leur raison d'être première et fondamentale qu'en Lui.
"Quand on parle de preuves de l’existence de Dieu, déclarait Jean-Paul II dans son audience générale du 10 juillet 1985, il faut souligner qu’il ne s’agit pas de preuves "scientifico-expérimentales". Les preuves scientifiques, au sens moderne du mot, valent seulement pour les choses perceptibles aux sens, car c’est seulement sur celles-ci que peuvent s’exercer les instruments de recherche et de contrôle dont se sert la science. Vouloir une preuve scientifique de Dieu signifierait abaisser Dieu au rang des êtres de notre monde, et donc se tromper déjà méthodologiquement sur ce qu’est Dieu."
Si Dieu est Esprit – au-delà de toute réalité matérielle – c'est par l'esprit que nous allons pouvoir Le trouver – et non par le téléscope ou le microscope (lesquels peuvent bien scruter un cerveau, mais non pas l'esprit de l'homme – qui est une réalité immatérielle).
La question est donc de savoir s'il est vrai qu'il n'est de réalité que matérielle. La seule matière suffit-elle à expliquer l'univers, sa genèse, son histoire, son évolution, son ordre, sa structure mathématique et tous les êtres le composant – et notamment les êtres vivants avec leur cerveau, leurs yeux, leur ADN...? Ou bien la raison impose-t-elle l'existence d'un autre Être que l'univers, lui donnant d'être, lui communiquant sa forme – ordonnée, structurée – et lui fournissant les ressources qu'il ne possédait pas en lui-même pour devenir plus qu'il n'était à son origine – et faire surgir en son sein de nouveaux êtres (par ex. les êtres vivants dans un monde de matière inerte).
Nous allons voir que notre intelligence est irrésistiblement conduite à l'existence de Dieu sous la double pression de l'observation des faits et de la raison logique ; qu'il n'existe aucune alternative rationnelle à l'existence de Dieu ; que la seule manière d'y échapper serait de renoncer à toute raison. Si ce que nous affirmons est vrai – ce qu'il va nous falloir démontrer –, alors nous sommes bien en présence de "preuves" au sens strict du terme, car les "preuves" sont contraignantes par nature – or ici, la raison humaine est contrainte par les conclusions du raisonnement. Et ce sont bien des preuves "scientifiques" puisqu'elles nous communiquent une vraie certitude – une connaissance authentique et démontrée de manière irréfutable – le terme "scientifique" étant donc entendu ici en son sens le plus large.
Je sais que certains croyants répugnent à employer le terme de "preuves" au sujet de l'existence de Dieu. Pourtant, c'est bien de cela dont il s'agit – et c'est de cela dont l'Eglise parle. Si l'on veut être fidèle à l'enseignement de l'Eglise, il ne faut pas hésiter à parler de preuves. "Créé à l’image de Dieu, appelé à connaître et à aimer Dieu, l’homme qui cherche Dieu découvre certaines 'voies' pour accéder à la connaissance de Dieu. On les appelle aussi "preuves de l’existence de Dieu', non pas dans le sens des preuves que cherchent les sciences naturelles, mais dans le sens d’arguments convergents et convaincants qui permettent d’atteindre à de vraies certitudes" (CEC n°31).
Et comment pourrait-il en être autrement? Si Dieu existe, comment douter que la raison humaine puisse conclure de manière certaine à la connaissance de Son existence? Si le Créateur a donné l'intelligence à l'homme, n'est-ce pas pour qu'il s'en serve afin de Le découvrir, d'esprit à Esprit, sans l'ombre d'un doute? Qu’il serait bien étrange ce Dieu qui donnerait à l’homme une intelligence... pour le détourner de Lui et le conduire inexorablement à l'athéisme! Non, si Dieu existe, notre raison doit pouvoir nous conduire à Lui, sans "violence", d'une façon naturelle et simple. Relevons d'ailleurs que dans l'Ecriture Sainte, non seulement Dieu demande à l'homme d'user de son intelligence pour Le trouver, mais il en fait même un Commandement – et le premier de tous! "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force" (Deut. 6. 5) – ce qui implique l'hommage de notre raison qui est une faculté de notre âme.
Il existe donc des preuves de l'existence de Dieu – et c'est cette idée que nous allons développer au fil des semaines. Ces preuves – répétons-le – ne sont pas d'ordre "scientifico-expérimentales" puisque Dieu n’est pas réductible au monde créé. Mais ce sont des des preuves quand même, qui résident dans une multiplicité d’indices "convergents et convaincants" nous conduisant non pas à une vague opinion mais "à de vraies certitudes". Ces preuves sont de nature métaphysique – donc rationnelles et scientifiques (au sens non restrictif d’une connaissance certaine tirée de l’expérience du monde). Quant aux sciences modernes, si elles ne prouvent pas Dieu, elle fournissent par leurs découvertes de nombreuses raisons d'y croire – leur enseignement constituant la matière première de la réflexion métaphysique sur l'existence de Dieu.
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (1)
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (2)
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (3)
La question est donc de savoir s'il est vrai qu'il n'est de réalité que matérielle. La seule matière suffit-elle à expliquer l'univers, sa genèse, son histoire, son évolution, son ordre, sa structure mathématique et tous les êtres le composant – et notamment les êtres vivants avec leur cerveau, leurs yeux, leur ADN...? Ou bien la raison impose-t-elle l'existence d'un autre Être que l'univers, lui donnant d'être, lui communiquant sa forme – ordonnée, structurée – et lui fournissant les ressources qu'il ne possédait pas en lui-même pour devenir plus qu'il n'était à son origine – et faire surgir en son sein de nouveaux êtres (par ex. les êtres vivants dans un monde de matière inerte).
Nous allons voir que notre intelligence est irrésistiblement conduite à l'existence de Dieu sous la double pression de l'observation des faits et de la raison logique ; qu'il n'existe aucune alternative rationnelle à l'existence de Dieu ; que la seule manière d'y échapper serait de renoncer à toute raison. Si ce que nous affirmons est vrai – ce qu'il va nous falloir démontrer –, alors nous sommes bien en présence de "preuves" au sens strict du terme, car les "preuves" sont contraignantes par nature – or ici, la raison humaine est contrainte par les conclusions du raisonnement. Et ce sont bien des preuves "scientifiques" puisqu'elles nous communiquent une vraie certitude – une connaissance authentique et démontrée de manière irréfutable – le terme "scientifique" étant donc entendu ici en son sens le plus large.
Je sais que certains croyants répugnent à employer le terme de "preuves" au sujet de l'existence de Dieu. Pourtant, c'est bien de cela dont il s'agit – et c'est de cela dont l'Eglise parle. Si l'on veut être fidèle à l'enseignement de l'Eglise, il ne faut pas hésiter à parler de preuves. "Créé à l’image de Dieu, appelé à connaître et à aimer Dieu, l’homme qui cherche Dieu découvre certaines 'voies' pour accéder à la connaissance de Dieu. On les appelle aussi "preuves de l’existence de Dieu', non pas dans le sens des preuves que cherchent les sciences naturelles, mais dans le sens d’arguments convergents et convaincants qui permettent d’atteindre à de vraies certitudes" (CEC n°31).
Et comment pourrait-il en être autrement? Si Dieu existe, comment douter que la raison humaine puisse conclure de manière certaine à la connaissance de Son existence? Si le Créateur a donné l'intelligence à l'homme, n'est-ce pas pour qu'il s'en serve afin de Le découvrir, d'esprit à Esprit, sans l'ombre d'un doute? Qu’il serait bien étrange ce Dieu qui donnerait à l’homme une intelligence... pour le détourner de Lui et le conduire inexorablement à l'athéisme! Non, si Dieu existe, notre raison doit pouvoir nous conduire à Lui, sans "violence", d'une façon naturelle et simple. Relevons d'ailleurs que dans l'Ecriture Sainte, non seulement Dieu demande à l'homme d'user de son intelligence pour Le trouver, mais il en fait même un Commandement – et le premier de tous! "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force" (Deut. 6. 5) – ce qui implique l'hommage de notre raison qui est une faculté de notre âme.
Il existe donc des preuves de l'existence de Dieu – et c'est cette idée que nous allons développer au fil des semaines. Ces preuves – répétons-le – ne sont pas d'ordre "scientifico-expérimentales" puisque Dieu n’est pas réductible au monde créé. Mais ce sont des des preuves quand même, qui résident dans une multiplicité d’indices "convergents et convaincants" nous conduisant non pas à une vague opinion mais "à de vraies certitudes". Ces preuves sont de nature métaphysique – donc rationnelles et scientifiques (au sens non restrictif d’une connaissance certaine tirée de l’expérience du monde). Quant aux sciences modernes, si elles ne prouvent pas Dieu, elle fournissent par leurs découvertes de nombreuses raisons d'y croire – leur enseignement constituant la matière première de la réflexion métaphysique sur l'existence de Dieu.
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (1)
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (2)
Discussion avec les lecteurs suite à la publication de cet article (3)
La théorie de la relativité générale d'Einstein indique que la matière déforme l'espace-temps. On peut se représenter l'espace-temps, car l'étude de cet objet nous livre certaines informations. Cela conduit à le modéliser suivant certaines hypothèses qui s'accordent avec une observation objective. La matière coexiste avec l'espace-temps, et ce dernier a du être créé avant la matière, de façon à l'accueillir lors du Big-Bang.
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