lundi 22 avril 2019

"Les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l'impuissance"


"La Croix a gagné les esprits au moyen de prédicateurs ignorants, et cela dans le monde entier.

Il ne s’agissait pas de questions banales, mais de Dieu et de la vraie foi, de la vie selon l’Evangile, du jugement futur.

Elle a donc transformé en philosophes des rustres, des illettrés. Voilà comment la folie de Dieu est plus sage que l’homme, et sa faiblesse, plus forte.

Comment est-elle plus forte ? Parce qu’elle s’est répandue dans le monde entier, qu’elle a soumis tous les hommes à son pouvoir, et qu’elle a résisté aux innombrables adversaires qui voulaient faire disparaître le nom du Crucifié.

Au contraire, ce nom s’est épanoui et propagé ; ses ennemis ont péri, ont disparu ; les vivants qui combattaient un mort ont été réduits à l’impuissance.

Aussi, quand un Grec dit que je suis fou, il manifeste que lui-même l’est au maximum, puisque moi qu’il juge fou, je me montre plus sage que les sages ; s’il me traite de faible, il se montre lui-même plus faible encore. En effet, ce que des publicains et des pécheurs ont pu réussir par la grâce de Dieu, les philosophes, les rhéteurs, les tyrans, bref la terre entière, dans toute son étendue n’a même pas été capable de l’imaginer.

C’est en pensant à cela que Paul disait : la faiblesse de Dieu est plus forte que tous les hommes. Que la prédication soit l’œuvre de Dieu, c’est évident ici.

Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l’idée d’une pareille entreprise, eux qui vivaient auprès des lacs et des fleuves et dans le désert ?

Eux qui n’avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ?

Ils étaient craintifs et sans courage ; celui qui écrit sur eux le montre bien, lui qui n’a voulu ni excuser ni cacher leurs défauts. C’est là une preuve très forte de vérité.

Que dit-il donc à leur sujet ? Quand le Christ fut arrêté, après avoir fait d’innombrables miracles, la plupart s’enfuirent, et celui qui était leur chef de file ne resta que pour le renier. 

Ces hommes étaient incapables de soutenir l’assaut des Juifs quand le Christ était vivant. Et lorsqu’il fut mort et enseveli, alors qu’il n’était pas ressuscité, qu’il ne leur avait donc pas adressé la parole pour leur rendre courage, d’où croyez-vous qu’ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? 

Est-ce qu’ils n’auraient pas dû se dire : Qu’est-ce que cela ? Il n’a pas été capable de se sauver lui-même, et il nous protégerait ? Quand il était vivant, il n’a pas pu se défendre, et maintenant qu’il est mort, il nous tendrait la main ? Quand il était vivant, il n’a pu se soumettre aucune nation, et nous allons convaincre la terre entière en proclamant son nom ? Comment ne serait-il pas déraisonnable, non pas même de le faire, mais seulement d’y penser ? 

La chose est évidente ; s’ils ne l’avaient pas vu ressuscité et s’ils n’avaient pas eu la preuve de sa toute puissance, ils n’auraient pas pris un risque pareil."

Saint Jean Chrysostome (P.G. 61, 34-36)

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