J'avais annoncé dans mon premier article de ce nouveau blog que l'on ferait ici de la philosophie, de l'apologétique et de la théologie.
Nous nous sommes interrogés la dernière fois sur la raison pour laquelle il est important pour un chrétien de faire de la philosophie. Il convient maintenant de se demander pourquoi faire de l'apologétique.
Tout d'abord, qu'est-ce que l'apologétique? Le terme est un peu barbare et peut-être méconnu de nombreux chrétiens. L'apologétique, c'est simple : c'est la défense rationnelle de la foi. Cela consiste à expliquer les raisons que nous avons de croire - au moyen d'un discours sensé et logique. Il s'agit d'un travail intellectuel d'argumentation positive et de réfutation des objections touchant à la foi catholique - du point de vue qui est le nôtre.
La question de l'existence de Dieu, avons-nous dit, est une question philosophique qui se résout philosophiquement.
Une fois l'existence de Dieu posée, il faut aller plus loin - car à ce stade de la réflexion, on se trouve confronté au problème de la multiplicité des traditions religieuses ; il est donc nécessaire de démontrer dans une analyse ultérieure que le Dieu dont la raison parvient à connaître l'existence s'est révélé :
Une fois l'existence de Dieu posée, il faut aller plus loin - car à ce stade de la réflexion, on se trouve confronté au problème de la multiplicité des traditions religieuses ; il est donc nécessaire de démontrer dans une analyse ultérieure que le Dieu dont la raison parvient à connaître l'existence s'est révélé :
- au peuple d'Israël en premier,
- en Jésus-Christ ensuite - vrai Dieu et vrai homme, mort et ressuscité pour le salut de tous -,
- par l'Eglise enfin - Corps mystique du Christ - qui est le moyen choisi par le Ressuscité pour poursuivre sa mission initiée il y a 2000 ans en terre de Palestine et répandre l'Evangile - la Bonne nouvelle du Salut - dans toutes les nations.
Quiconque parvient à cette démonstration fait oeuvre d'apologétique.
Quiconque parvient à cette démonstration fait oeuvre d'apologétique.
On notera que l'apologétique nous fait sortir du champ de la philosophie.
La philosophie est une discipline visant à connaître le réel objectif à partir de la raison seule s'appliquant à penser l'univers physique, la nature, l'homme - indépendamment de toute révélation divine.
L'apologétique a ceci en commun avec la philosophie d'être une discipline exclusivement rationnelle. Mais ici, la raison ne va pas s'appliquer à la nature et à tout ce qui la constitue ; elle va s'employer à réfléchir sur trois phénomènes empiriques qui sont certes dans le champs de l'expérience humaine, mais qui sont l'expression concrète d'une révélation divine supposée : Israël, Jésus et l'Eglise. Il ne serait donc pas juste de présenter l'apologétique comme une branche de la philosophie, puisque l'intelligence ne raisonne pas ici indépendamment de la révélation : elle prend Israël, Jésus et l'Eglise comme objets d'étude et cherche à examiner s'il est raisonnable de penser que ces trois événements sont les signes concrets d'une révélation divine. Celle-ci est méthodologiquement posée à titre d'hypothèse, comme point de départ de la réflexion ; et on va chercher à la vérifier en la mettant à l'épreuve des contradictions - comme le font les scientifiques dans leur domaine propre.
La philosophie est une discipline visant à connaître le réel objectif à partir de la raison seule s'appliquant à penser l'univers physique, la nature, l'homme - indépendamment de toute révélation divine.
L'apologétique a ceci en commun avec la philosophie d'être une discipline exclusivement rationnelle. Mais ici, la raison ne va pas s'appliquer à la nature et à tout ce qui la constitue ; elle va s'employer à réfléchir sur trois phénomènes empiriques qui sont certes dans le champs de l'expérience humaine, mais qui sont l'expression concrète d'une révélation divine supposée : Israël, Jésus et l'Eglise. Il ne serait donc pas juste de présenter l'apologétique comme une branche de la philosophie, puisque l'intelligence ne raisonne pas ici indépendamment de la révélation : elle prend Israël, Jésus et l'Eglise comme objets d'étude et cherche à examiner s'il est raisonnable de penser que ces trois événements sont les signes concrets d'une révélation divine. Celle-ci est méthodologiquement posée à titre d'hypothèse, comme point de départ de la réflexion ; et on va chercher à la vérifier en la mettant à l'épreuve des contradictions - comme le font les scientifiques dans leur domaine propre.
L'apologétique est donc orientée vers la résolution de la question de la révélation : le Dieu dont la raison philosophique a manifesté l'existence s'est-il possiblement révélé? Si oui : où et à qui? Puisqu'il n'existe que trois grandes religions dans le monde prétendant avoir reçu une révélation de la part de Dieu, il faut les analyser successivement : examiner tout d'abord le cas d'Israël qui se présente historiquement en premier ; puis le cas du christianisme (de Jésus-Christ et de son Eglise) ; enfin celui de l'islam - devenu incontournable à notre époque et dans nos sociétés -, réalité empirique imposante que le penseur chrétien ne peut ignorer, mais qui ne résistera évidemment pas à la démonstration préalable de la vérité du christianisme.
L'apologétique présuppose-t-elle la foi? Non. Même si dans les faits, elle est surtout l'oeuvre de croyants, elle reste une discipline objective, exclusivement rationnelle, s'appliquant à analyser des faits concrets relevant du champ de notre expérience. Ces faits procèdent de l'intervention (réelle ou supposée) de Dieu dans notre histoire, c'est pourquoi on sort de la philosophie en réfléchissant sur ces faits. Pour autant, on n'entre pas encore dans la théologie qui, elle, présuppose la foi et s'applique à raisonner non sur le fait de la révélation (et sur les signes concrets de sa manifestation), mais sur son contenu. Dans l'apologétique, on ne considère pas le contenu, sauf éventuellement pour démontrer l'excellence de la doctrine catholique et en faire un argument supplémentaire en faveur de sa vérité. Si l'apologète est, de fait, un croyant, l'apologétique est, de droit, une discipline exclusivement rationnelle qui porte uniquement sur des faits accessibles au raisonnement de tous, chrétiens ou non chrétiens, croyants ou non croyants. Quiconque raisonne correctement à partir des faits sans a priori d'aucune sorte sera irrésistiblement conduit à reconnaître la vérité du christianisme.
Croire que Dieu existe n'est pas la foi. Croire que Dieu s'est révélé à Israël, puis ultimement en Jésus-Christ dont l'Eglise est l'accomplissement parfait (cf. Ep. 1. 23), n'est pas la foi non plus. La preuve : Satan lui-même est persuadé de la vérité du christianisme catholique - il connaît tous les articles de notre Credo, il sait qu'ils sont vrais. Mais il n'y adhère pas : il les rejette. Lorsque nous proclamons chaque dimanche notre foi - par le symbole des Apôtres ou celui de Nicée-Constantinople -, on ne se contente pas de dire : "Je crois que c'est vrai" ; on dit son attachement viscéral à toutes ces vérités de foi. L'acte de foi n'est pas seulement intellectuel. Il l'est assurément ; mais il est bien plus que cela : il procède de la volonté, d'un abandon confiant à Dieu que l'on aime et dont on se sait infiniment aimé. Il est en même temps charité et espérance - car on ne peut pas davantage séparer la foi, l'espérance et la charité que les trois personnes de la divine Trinité qui ne font qu'UN.
Croire que Dieu existe n'est pas la foi. Croire que Dieu s'est révélé à Israël, puis ultimement en Jésus-Christ dont l'Eglise est l'accomplissement parfait (cf. Ep. 1. 23), n'est pas la foi non plus. La preuve : Satan lui-même est persuadé de la vérité du christianisme catholique - il connaît tous les articles de notre Credo, il sait qu'ils sont vrais. Mais il n'y adhère pas : il les rejette. Lorsque nous proclamons chaque dimanche notre foi - par le symbole des Apôtres ou celui de Nicée-Constantinople -, on ne se contente pas de dire : "Je crois que c'est vrai" ; on dit son attachement viscéral à toutes ces vérités de foi. L'acte de foi n'est pas seulement intellectuel. Il l'est assurément ; mais il est bien plus que cela : il procède de la volonté, d'un abandon confiant à Dieu que l'on aime et dont on se sait infiniment aimé. Il est en même temps charité et espérance - car on ne peut pas davantage séparer la foi, l'espérance et la charité que les trois personnes de la divine Trinité qui ne font qu'UN.
Connaître les vérités révélées ne suffit donc pas en soi à donner la foi. Même si nous arrivions à convaincre notre interlocuteur de la vérité du christianisme catholique, cela ne lui communiquerait pas la foi. Car la foi ne se trouve pas au bout d'un raisonnement. La foi est d'un autre ordre, d'une autre nature que la raison. Pis : l'apologétique pourrait contribuer à faire des démons... des gens convaincus de la vérité catholique mais décidant en conscience de ne pas suivre cette voie - en raison, par exemple, d'un attachement désordonné au péché et d'un refus de changer de vie, de se remettre en question.
Alors pourquoi faire de l'apologétique? Ne vaut-il mieux pas annoncer Jésus-Christ avec autorité, en appelant ses interlocuteurs à la conversion - à l'image d'un saint Jean-Baptiste vociférant dans le désert et exhortant les Juifs à la pénitence -, et renvoyer chacun à sa conscience? On voit parfois quelques chrétiens dans le métro parisien prendre publiquement la parole pour dénoncer les maux de notre société et menacer de l'enfer ceux qui ne se détourneraient pas de leurs voies mauvaises ; on les entend brailler que Jésus est l'unique sauveur et que quiconque le reconnaîtra comme tel échappera à la condamnation.
Je ne dis pas que ce type d'annonce est mauvais. Peut-être provoque-t-il des conversions, je ne sais. Avec la grâce du Saint Esprit, tout est possible. Je dis juste que le disciple de Jésus-Christ doit être capable aussi (et surtout) de faire de l'apologétique - que c'est absolument nécessaire. Si un jour, une personne se lève dans le métro et oppose à notre prédicateur une objection (par ex. sur la divinité de Jésus), il doit être en mesure d'y faire face. On n'est pas totalement fidèle à sa mission si on n'est pas capable de répondre à un interlocuteur qui nous interroge - et tout chrétien confirmé est en mission. Comme nous le demande l'Apôtre Pierre dans sa Première lettre : "Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre raison de l’espérance qui est en vous" (1 P. 3. 15)
Alors certes, l'apologétique ne communique pas la foi. Certes, la foi est d'une autre nature que la raison - puisqu'elle la dépasse. Mais la foi présuppose la raison - et s'appuie sur elle. Voilà pourquoi l'apologétique, aussi insuffisante soit-elle, est absolument indispensable. L'apologétique a pour vertu d'édifier l'intelligence. Or la révélation divine s'adresse à l'homme intelligent. L'apologétique est donc la meilleure préparation à la foi. Mais elle n'est qu'une préparation - il faut bien l'avoir présent à l'esprit.
Notre devoir de chrétiens n'est pas de convertir les âmes - nous en sommes bien incapables puisque la conversion est une affaire entre Dieu et la liberté de l'âme. Or nous n'avons la main ni sur l'un ni sur l'autre. Notre rôle est beaucoup plus humble. Il consiste à préparer les chemins du Seigneur - à disposer les intelligences à reconnaître le Seigneur quand il se manifestera à elles.
Notre devoir de chrétiens n'est pas de convertir les âmes - nous en sommes bien incapables puisque la conversion est une affaire entre Dieu et la liberté de l'âme. Or nous n'avons la main ni sur l'un ni sur l'autre. Notre rôle est beaucoup plus humble. Il consiste à préparer les chemins du Seigneur - à disposer les intelligences à reconnaître le Seigneur quand il se manifestera à elles.
Dire que je faisais de l'apologétique sans le savoir ... en expliquant rationnellement que Dieu se trouve exactement à la surface de la structure de l'espace-temps, et que de là, discrètement, il attendait qu'on le trouve. Évidement, tout dépend de l'état d'avancement de la science, mais courage, cela vient tout doucement. La raison impose de suivre : https://www.youtube.com/watch?v=3MJJvXGuDag
RépondreSupprimerDire que "Dieu se trouve exactement à la surface de la structure de l'espace-temps" n'a pas beaucoup de sens puisque Dieu est absolument TRANSCENDANT. Il n'est ni au-dessus, ni en-dessous, ni à la surface, il est au-delà.
RépondreSupprimerIl n'est pas accessible aux sciences positives, puisque celles-ci ne regardent que la matière. On ne peut trouver Mozart si l'on ne s'intéresse qu'à la peinture.