vendredi 22 février 2019

Existe-t-il des preuves de l'existence de Dieu? - Dialogue avec les lecteurs (2)

Suite du débat avec les lecteurs après la publication de l'article "Existe-t-il des preuves de l'existence de Dieu" (relire les commentaires n°1 à 4).  

Commentaire n°5 posté par NeGPsychiatricK

Bonjour,

Je vous cite: "Si l’on choisit d’observer le réel sans aucun a priori idéologique ou religieux, et de prolonger la réflexion rationnelle sur l’univers au-delà de ce que la science peut nous en dire – tout en demeurant fidèle à la méthode scientifique, c’est-à-dire : à la méthode inductive –, on est conduit irrésistiblement à inférer l’existence d’un Être transcendant, éternel, infini, Créateur, Intelligent et Personnel".

Autre citation: "Mais pour qui veut demeurer dans la pensée rationnelle, l’existence de Dieu est absolument inévitable…"

J'ai l'impression, dans les réflexions inductives ou déductives attestant de l'existence ou de l'inexistence de Dieu – notamment en ce qui concerne les preuves recommandées par l'Eglise – , que quand on arrive à une impasse, alors la réponse est Dieu.

A prendre strictement au sens littéral : A mon avis, les partisans de l'existence de Dieu comme ceux qui soutiennent que Dieu n'existe pas satisfont à leur soif de connaissances et à leur égo en aboutissant grâce à des raisonnements de toutes sortes (scientifiques, métaphysiques etc.) à un système "rationnel" qui répond à leurs attentes : ils ne supportent pas de ne pas avoir de réponse satisfaisantes à leurs questions. C'est pourquoi je suis tenté de penser que ceux qui affirment que Dieu existe comme ceux qui affirment le contraire nient tous deux la raison. Aucune des deux parties n'a de preuves suffisantes pour clore le débat alors que chacun dispose de "preuves". C'est pourquoi pour ma part, je parle systématiquement "d'arguments".

Jean-Paul II a dit : "L'homme est toujours le même : les systèmes qu'il crée sont toujours imparfaits, et d'autant plus imparfaits qu'il est sûr de lui."

Par athée, entendez-vous partisan de la proposition selon laquelle Dieu n'existe pas? Un athée peut très bien se contenter de ne pas concevoir l'existence de Dieu ; il peut aussi combattre les religieux pour le danger qu'ils représentent : croisades, sectes...

J'espère ne pas me montrer trop lourd, je trouve cette discussion passionnante. Le problème c'est que je ne saurai pousser la réflexion aussi loin que vous ; de toute façon "Faire l’expérience de Dieu reste toujours à la portée de chaque homme" disait Jean-Paul II (encore lui). Peut-être que les sujets que j'aborde ont déjà été traités sur ce blog?

Réponse au Commentaire n°5

"J'espère ne pas me montrer trop lourd, je trouve cette discussion passionnante."
Ne croyez pas cela : vous n’êtes pas "trop lourd" ! Bien au contraire : si ces questions vous passionnent, vous êtes chez vous sur ce blog !

"Peut-être que les sujets que j'aborde ont déjà été traités sur ce blog?"
Cela n’a aucune importance. Si tel est le cas, je me permets de renvoyer à d’anciens articles par des liens idoines. N’ayez aucune crainte d’aborder toutes les questions que vous voudrez. Sur un blog, il y a régulièrement de nouveaux lecteurs. Il faut s’attendre à devoir redire des choses déjà exprimées. Cela ne me dérange absolument pas.

"Jean-Paul II a dit : ‘L'homme est toujours le même : les systèmes qu'il crée sont toujours imparfaits, et d'autant plus imparfaits qu'il est sûr de lui’."
Je vois que vous avez d’excellentes références ! Mais il ne s’agit pas ici de "créer" un système. Il s’agit de penser le réel, jusqu’au bout, sans a priori. Ce sont les constructions a priori qui sont toujours imparfaites – quand l’homme a la prétention de dire le réel en vertu d’une doctrine pré-établie, fondée sur sa seule subjectivité et ses seules préférences (je vous renvoie aux auteurs précités dans la réponse au commentaire n°3 ci-dessus).

"Par athée, entendez-vous partisan de la proposition selon laquelle Dieu n'existe pas? Un athée peut très bien se contenter de ne pas concevoir l'existence de Dieu; il peut aussi combattre les religieux pour le danger qu'ils représentent: croisades, sectes..."
Un athée, c’est quelqu’un qui croit que Dieu n’existe pas. Bien sûr qu’un athée peut ne pas avoir vraiment pensé son athéisme, et se contenter d’une posture d’indifférence ou d'un rejet global des religions – c’est d’ailleurs la situation de la plupart des athées modernes. Mais je me permets ici aimablement de les inviter à réfléchir un instant aux fondements rationnels de leur athéisme – et à en éprouver la solidité ; à ne pas se contenter d’une pensée superficielle ni d’une réaction épidermique – l’enjeu est trop sérieux et trop grave.
Ma conviction est que si les athées se mettaient vraiment à penser leur athéisme, ils n’en ressortiraient pas indemnes… Car en vérité, l’athéisme est impensable ; la meilleure preuve, c’est qu’il n’a jamais été pensé.

"J'ai l'impression (…) que quand on arrive à une impasse alors la réponse est Dieu ("Dieu existe", "Dieu n'existe pas", ...)."
Moi, j’ai l’impression que la difficulté vient surtout de l’emploi du mot "Dieu" – qui renvoie trop immédiatement aux religions monothéistes. Si l’on remplace le mot "Dieu" par l’expression "Être absolu" ou "Être nécessaire", alors la discussion devient plus aisée – car la raison humaine ne peut concevoir que le néant soit premier. C’est au fil du raisonnement que l’on découvrira que l’Être nécessaire est le Dieu UN du monothéisme (et plus précisément : le Dieu de Jésus-Christ). Mais il faut se garder de tout raccourci hâtif. Il faut commencer par poser que l’Être est premier et nécessaire (et non le néant, qui est incapable de produire aucun être, et qui est stérile par définition).
Comprenez bien qu’il ne s’agit pas ici de boucher les "trous" d’une connaissance parcellaire du monde physique en invoquant systématiquement le surnaturel ; mais d’analyser ce que nous savons de manière certaine et irrévocable du monde physique pour voir ce qui est impliqué (pré-requis) par le fait qu’il soit effectivement ce qu’il est comme il est.
Nous savons par exemple que l’univers dans lequel nous vivons n’a pas toujours existé ; qu’il a commencé d’être (peu importe ici qu’il s’agisse ou non d’un premier commencement, d’un commencement absolu). Nous connaissons l’âge de notre univers. C’est là un point acquis de manière certaine et irrévocable. Il faut maintenant le penser, et voir ce que cela présuppose sur le plan métaphysique.
Nous savons aussi que notre univers est en régime d’évolution ; qu’il n’est pas apparu tout d’un bloc, mais progressivement, après un long développement qui s’est réalisé dans un certain sens : celui d’une complexification croissante de la matière jusqu’au surgissement in fine de la pensée, de la conscience humaine. C’est là un autre point acquis de manière certaine et irrévocable. Il faut maintenant le penser, et voir ce que cela présuppose sur le plan métaphysique.
C’est l’univers lui-même qui nous provoque à la réflexion métaphysique ; c’est lui qui pose question – c’est son existence qui fait problème. Ses caractéristiques (que nous connaissons de mieux en mieux) sont si étonnantes, si fascinantes, – si "étranges" même, selon le mot de Lemaître –, qu’il est inévitable de se poser la question de savoir si c’est vraiment lui, l’univers, et lui seul, qui a été capable, par ses seules ressources, de faire surgir in fine d’un simple nuage de gaz d’hydrogène et d’hélium un Mozart, un Einstein ou un Gandhi.

"Ceux qui affirment que Dieu existe comme ceux qui affirment le contraire nient tous deux la raison. Aucune des deux parties n'a de preuves suffisantes pour clore le débat alors que chacun dispose de "preuves"."
Je ne partage pas votre avis sur ce point. Je pense (mais vous avez le droit de ne pas être d’accord) que les grandes découvertes scientifiques du XXe siècle (dans le domaine de l’astrophysique, de la biologie, de la biochimie…) ont été fatales à l’athéisme, et cela, d’une manière irréversible.
Puisque l’athéisme est désormais renversé, il ne reste plus que Dieu (que celui-ci s’identifie à la Nature ou s’en distingue, peu importe à ce stade). Dieu… ou l’absurde. Mais pour qui rejette par principe l'absurde et fait le choix de la raison, il ne reste plus que Dieu. Ou disons : l’Être absolu, nécessaire, éternel, intelligent et personnel – qui fonde l’être du monde et sans lequel le monde tel qu’il est serait incompréhensible et inexplicable.

2 commentaires:

  1. Dieu peut penser le néant, l'inverse est impossible. L'Univers est un objet, on peut l'étudier, le néant peut aussi être défini, et sa seule caractéristique, c'est qu'il ne peut rien produire. Poser que le hasard peut inventer le néant est impossible, sauf à poser le hasard comme la qualité primordiale d'Être. Ce serait alors le nom humoristique de Dieu.

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  2. http://www.totus-tuus.fr/article-7104397.html

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