Suite de la discussion avec les lecteurs du blog Totus Tuus au sujet de mon article sur "Marie, médiatrice et co-rédemptrice... avec toute l'Eglise!"
Commentaire n°13 posté par R.M
Par "instrument humain", j'ai voulu mettre l'accent sur l'humanité de Marie. Les termes étaient sans doute mal choisis et je vous prie de croire que ce n'était absolument pas dans mon intention de manquer de respect à la mère de notre Seigneur.
"J'achève en ma chair ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ pour son corps qui est l'Eglise". Jésus-Christ a dit sur la croix : "Tout est accompli". Il n'y a donc plus rien à ajouter à son oeuvre de rédemption, elle est parfaite. Etant vrai Dieu et vrai homme, il est dans ce sens le seul Rédempteur, ce que vous croyez également. Ce verset de Colossiens, isolé de l'ensemble du Nouveau Testament, n'implique pas que nos souffrances ont un caractère expiatoire pour nous-mêmes ou pour les autres et que nous soyons des co-Rédempteurs. Les disciples de Jésus-Christ le suivent dans la voie où il a marché. Jésus souffre en son corps qui est sur la terre. Les disciples, étant son corps, ont communion avec ses souffrances. Ses enfants portent l'opprobre de Christ, ils sont participants de l'affliction et de la patience du Christ. Ainsi, les afflictions des fidèles sont bien les afflictions de Christ. Dans ce sens, il manque aux afflictions de Christ tout ce que l'Eglise doit encore souffrir jusqu'à ce que Jésus revienne.
Concernant le fait que j'aurais fait de Jésus un homme du passé : l'unité de la Trinité est toujours présente dans l'action de chacune des Trois Personnes divines. On ne peut pas dissocier Trois les Personnes de la Trinité, même si elles peuvent avoir des manifestations différentes. En parlant du Saint-Esprit, j'ai pensé à Jean 16.8 : " Quand le Saint-Esprit sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement." Et Jean 14.20 : "Mais le Consolateur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit." Bien sûr, Jésus agit dans son Corps qui est l'Eglise, mais pas sans le Père et l'Esprit Saint, et la prédication fidèle de ses témoins dont est constituée l'Eglise, son Corps.
Nous ne sommes pas des pantins malgré le fait que : "c'est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire, selon son dessein bienveillant" (Philippiens 2.13). Ce que Dieu a décidé de toute éternité s'accomplira. Par exemple le fiat de Marie, l'acquiescement des disciples Pierre et André, et leur fidélité dans leur vocation difficile. Le refus du jeune homme riche est son entière responsabilité mais n'échappe pas non plus à l'entière souveraineté de Dieu sur toutes choses. Son refus n'échappe pas à la cause première, Dieu, et cependant, n'entame en rien sa liberté et sa responsabilité (cf. Thomas d'Aquin sur les causes subordonnées totales). En bonne métaphysique thomiste, la cause première n'abolit jamais les causes secondes, celles-ci étant englobées par l'action de la cause première, Dieu. Dieu n'est évidemment pas responsable du mal dont l'homme seul est responsable. Le problème de Lucifer est une autre question. A ce mystère d'un être parfaitement bon, choisissant le mal librement, il n'y a pas de réponse pour nous ici-bas.
Réponse au Commentaire n°13
R.M,
R.M,
Je me réjouis que vous soyez un disciple de St Thomas d'Aquin! Je me permets alors de vous renvoyer à la Somme Théologique, en particulier à la troisième partie sur le Christ, les Sacrements et les fins dernières, où il est question notamment de la Médiation du Seigneur, ainsi que du rôle de la Vierge Marie et de l'Eglise dans le Plan de Salut de Dieu.
Je vous recommande aussi le "Traité de l'Eglise" du Cardinal Journet, qui est disponible sur la même page.
Et puisque vous évoquiez plus haut l'autorité des Conciles, je vous renvoie à la Constitution Lumen Gentium du Concile Vatican II, en particulier les § 14, et 60 et suivants.
----> Voir aussi les § 846, 970, 2674 du Catéchisme de l'Eglise catholique (entre autres).
Commentaire n°14 posté par Miky
"Si un disciple refuse de suivre le Christ, bon ben Jésus poursuis son chemin, le disciple n'en devient pas un, et voilà. Si Marie refuse de porter le Christ, il n'y a pas de Christ"
Eh bien... Dieu ne pouvait-il pas alors choisir une autre femme ?
"...à moins de penser que Dieu pose des questions rhétoriques, et passe outre le refus de l'Homme, auquel cas il faut se dire heureux que Marie ait accepté, sinon notre religion aurait pris naissance dans un... viol divin ?... un peu plus dans la tradition zeussienne que juive ou chrétienne."
Un adultère divin est nettement moins grave... Ben oui, je rappelle que Joseph était fiancé à Marie lorsqu'elle tomba enceinte et que l'enfant qu'elle a porté n'était pas de lui mais du Saint Esprit. Donc techniquement, il s'agit bel et bien d'un adultère. M'enfin moi ça me dérange pas trop car je suis assez open là-dessus comme tu sais. Mais pour l'Eglise catholique ça doit être autrement plus gênant non ?
Réponse au Commentaire n°14
Cher Miky,
Dieu pouvait-il choisir une autre femme pour donner naissance à son Fils au cas où Marie aurait refusé l'invitation de l'Ange à devenir la Mère du Seigneur? Personnellement, je ne crois pas. Car de même qu'en Eve (la Mère des vivants), toute l'humanité était "contenue" (d'où les conséquences funestes du péché originel sur chacun de nous personnellement...), de même, en Marie, la Nouvelle Eve (la Mère de tous ceux qui sont nés de nouveau), l'humanité régénérée par le Sang du Christ était "contenue". Dès lors, un refus de Marie aurait signifiée un refus de toute l'humanité rachetée (si cela fût possible). Si Marie ne répond pas OUI à l'Ange Gabiel, alors aucun homme, aucune femme sur la terre ne peut répondre OUI, parce que Marie est la Plénitude de grâce et qu'il n'y a rien de supérieur à la Plénitude de grâce.
Sur "l'adultère divin"... La question est sans doute provocante, mais elle se pose légitimement. Pour ma part, je répondrais deux choses :
1°) que l'adultère n'est concevable par définition qu'après le mariage. Avant le mariage, on ne parle pas d'adultère. Or, Marie était fiancée à Joseph et non pas mariée avec lui quand elle reçut la visite du Saint Esprit. Donc, il n'y a pas en rigueur de terme "d'adultère".
2°) La conception de Jésus en Marie n'est pas du même ordre que la conception d'un enfant entre un homme et une femme. Marie n'a pas été fécondée par Dieu, comme les femmes des légendes païennes devenaient fécondes par l'intervention d'un dieu. "Dans l'Evangile, ce n'est pas le Père - principe masculin - qui donne à la Vierge d'être féconde. C'est l'Esprit Saint - au féminin en hébreu (ruah), eu neutre en grec (pneuma). De la part de Dieu, la conception de Jésus n'est pas une génération, mais une nouvelle création : l'Esprit Saint "vient sur Marie", comme il planait sur les eaux de la Création" (P. Descouvemont, in "Le guide des difficultés de la foi catholique", page 353).
Dès lors, nos liens matrimoniaux ne nous empêche pas d'envisager de réelles épousailles avec le Seigneur (et tel est bien le projet de Dieu : s'unir à chacun de nous de manière intime et nuptiale ; l'Eucharistie n'étant autre que le banquet des noces de l'Agneau). Cela n'implique aucune infidèlité à l'égard de notre conjoint, puisque notre union nuptiale avec lui ne fait pas concurrence à celle que Dieu nous propose. Au contraire, elle le préfigure et l'annonce ; elle en est le Signe visible et prophétique ; elle nous y prépare.
Commentaire n°15 posté par Michel
Cher Monsieur,
Vous citez des versets qui ne sont pas en rapport avec la "vénération" que l'on devrait à Marie. Honorer ne veut pas dire vénérer, sauf si vous parlez au sens figuré.
vénérer /ve.ne.ʁe/ transitif 1er groupe (conjugaison)
1. Rendre un culte à Dieu, à un saint ou à des choses saintes ou sacrées. Adorer.
2. (Figuré) Avoir un attachement ou un respect profond pour une personne.
Je vous vénère comme mon bienfaiteur, comme mon second père.
Dans le premier cas, c'est désobéir au premier commandement que de rendre un culte à quelqu'un d'autre que Dieu.
Vous m'avez cité des versets hors contexte. Maintenant, citez-m'en des vrais, pas des prétextes pour justifier une théorie. Un verset clair qui dit textuellement qu'il faut vénérer Marie, comme c'est le cas pour le Christ, par exemple : "Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le premier–né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent !" (Héb.1.6).
Si maintenant vous parlez de vénérer Marie dans le sens de respect, sachez que l'on a pas le droit de s'adresser aux morts. C'est un péché grave : "Qu’on ne trouve chez toi personne qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, personne qui exerce le métier de devin, d’astrologue, d’augure, de magicien, d’enchanteur, personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits ou disent la bonne aventure, personne qui interroge les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel ; et c’est à cause de ces abominations que l’Eternel, ton Dieu, va chasser ces nations devant toi." (Deut.18.10-12)
"Pourquoi remettre un échelon pour accéder au Salut? La Bible parle d'un seul médiateur entre Dieu et les hommes : Jésus-Christ. Et vous, avec une référence (Ep. 1.23) sans rapport à notre sujet (médiateur) vous rajouter un échelon : l'Eglise." Je parlais clairement d'un échelon de "Médiation", et non d'annonce de l'évangile, c'est-à-dire "d'ambassadeur" comme je l'ai déjà dit. Il faut être précis avec les termes bibliques, sinon il est impossible de discuter. Il n'y a qu'un seul médiateur entre Dieu et les hommes, mais effectivement beaucoup d'ambassadeurs pour que l'évangile arrive aux oreilles des païens.
Ce que je veux dire, c'est que si l'on croit que pour être sauvé il faut "se repentir de ses péchés et croire en Jésus-Christ" et encore "être dans l'église Catholique", là l'on se retrouve devant le cas où l'église devient médiatrice, c'est-à-dire une secte qui se croit absolument nécessaire pour que Dieu puisse agir en ce monde. Lui qui a pourtant crée le monde à partir de rien. Il ne faut donc pas confondre "médiateur" et "ambassadeur". Le premier est absolument nécessaire, le second est utile, mais non indispensable, car comme le dit Jésus.
"Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous–mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham." (Luc 3:8) Ou bien dit autrement : "ce n'est pas parce que Dieu nous emploie, que nous sommes nécessaires". Si l'on croit cela, c'est que l'on n'a pas réellement compris la grâce de Dieu qui sauve des personnes totalement incapables de se sauver". Ce qui est grave avec cette position, c'est qu'au lieu de mettre sa pleine espérance en "Christ" pour être sauvé, l'on doit encore la mettre en partie sur les hommes, d'où la recheche d'une médiation autre que le Christ, c'est-à-dire Marie ou les Saints.
Bref, pour finir, le Christ n'est plus qu'un élément du salut et non pas "LE SALUT".
"Il n‘y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés" (Actes 4:12).
et
"Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité" (Col.2.8-10).
"A Dieu seul, notre Sauveur, par Jésus–Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles ! Amen ! (Jude 1:25)
Michel
Commentaire n°16 posté par R.M
Cher Monsieur,
Détrompez-vous, je ne suis pas disciple de Thomas d'Aquin, même si je m'y réfère. Le bon sens et les bonnes idées sont la propriété de tous. Thomas d'Aquin peut dire des choses admirables lorsqu'il appuie sa doctrine sur l'Ecriture. (Il ne croyait pas à l'immaculée conception qui n'y est pas. Aurait-il été excommunié plus tard ?) Par contre, ses explications pour soutenir certains dogmes mariaux inconnus de la Bible, le culte des images ou la transsubstantiation, sont insoutenables. Et pour cause ! Il ne s'appuie plus sur l'Ecriture et semble alors oublier les critères d'un raisonnement philosophique saint. Pourquoi donc ? Il veut être obéissant à l'Eglise romaine prétendument infaillible, autorité dernière, au-dessus de Dieu. Avec mes salutations chrétiennes.
Cher Monsieur,
Détrompez-vous, je ne suis pas disciple de Thomas d'Aquin, même si je m'y réfère. Le bon sens et les bonnes idées sont la propriété de tous. Thomas d'Aquin peut dire des choses admirables lorsqu'il appuie sa doctrine sur l'Ecriture. (Il ne croyait pas à l'immaculée conception qui n'y est pas. Aurait-il été excommunié plus tard ?) Par contre, ses explications pour soutenir certains dogmes mariaux inconnus de la Bible, le culte des images ou la transsubstantiation, sont insoutenables. Et pour cause ! Il ne s'appuie plus sur l'Ecriture et semble alors oublier les critères d'un raisonnement philosophique saint. Pourquoi donc ? Il veut être obéissant à l'Eglise romaine prétendument infaillible, autorité dernière, au-dessus de Dieu. Avec mes salutations chrétiennes.
Commentaire n°17 posté par le Pasteur Eric
"Si Marie refuse de porter le Christ, il n'y a pas de Christ". Si. Avec une mère qui s'appellera Rachel, Léa ou Déborah... Exactement comme avec le disciple qui refuse de suivre : il y en aura un autre...
"Si Marie refuse de porter le Christ, il n'y a pas de Christ". Si. Avec une mère qui s'appellera Rachel, Léa ou Déborah... Exactement comme avec le disciple qui refuse de suivre : il y en aura un autre...
J'ai bien vu la réponse de Matthieu mais Marie ne devient Nouvelle Eve (même si personnellement j'ai un peu de mal avec ce "nouvelle Eve" ) que parce qu'elle accepte.
Quant à pleine de grâce : kexaritomenh, c'est le passif de xaritow. Emplir de grâce Verbe qu'on retrouve notamment en Ephésiens I, 6. Nous sommes donc nous aussi : emplis de grâce.
Bref, je ne vois pas très bien pourquoi il faudrait aller plus loin que le texte. Dieu choisit une femme. Cette femme accepte. Saluons son choix et honorons là comme nous honorons les prophètes et tous ceux qui ont été pour nous témoins de Dieu.
Réponse au Commentaire n° 17
Un petit point de doctrine catholique au sujet de la Vierge Marie. Le Catéchisme de l'Eglise Catholique nous enseigne très précisément ceci :
"Pour être la Mère du Sauveur, Marie fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d'une si grande tâche. En effet, pour pouvoir donner l'assentiment libre de sa foi à l'annonce de sa vocation, il fallait qu'elle fut toute portée par la grâce de Dieu" (CEC § 490).
Au long des siècles, l'Eglise a pris conscience que Marie avait été rachetée dès sa conception. "La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel" (CEC § 491)
"Cette sainteté éclatante absolument unique dont elle est enrichie dès le premier instant de sa conception lui vient tout entière du Christ : elle est rachetée en considération des mérites de son Fils"(CEC § 492).
"Les Pères de la tradition orientale appellent la Mère de Dieu "la Toute Sainte" (Panaghia), ils la célèbrent comme "indemne de toute tache de péché, ayant été pétrie par l'Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature" par la grâce de Dieu" (CEC § 493).
Par conséquent, à supposer (par impossible) que Marie ait opposée un NON à l'annonce de sa conception virginale du divin Sauveur, je ne vois pas comment une autre femme aurait pu répondre OUI. De même que la première Eve a transmis à sa descendance le venin du péché originel, la Nouvelle Eve (nouvelle créature formée par l'Esprit Saint en vue de la Nouvelle Création en Jésus-Christ, qui est le Nouvel Adam) aurait universellement transmis le venin de son refus en enfermant définitivement l'humanité dans la désobéissance.
Sur l'expression "pleine de grâce", le verbe, employé dans le grec évangélique au participe parfait induit une idée de permanence. La Bible de Jérusalem suggère qu'il faudrait traduire le mot "kécharitôménè" par la périphrase "Toi qui as été et demeure remplie de la faveur divine". Or, comme l'écrivait St Jérôme : "Nulle part ailleurs dans l'Ecriture je n'ai pu trouver une telle formule de salutation. "Salut, pleine de grâce!" Où aurais-je pu lire cela ailleurs dans l'Ecriture? Je ne m'en souviens pas. Jamais cette formule ne fut adressée à un homme : "Salut, plein de grâce". A Marie seule, cette salutation était réservée."
La Vierge Marie n'est donc pas un témoin de Dieu comme les autres. Elle est la Mère du Christ, Roi de l'Univers, et par conséquent Reine des Prophètes, Reine des témoins de Dieu, Reine de l'Eglise, notre Reine à nous, les croyants. Honorons-là donc, oui, mais avec les honneurs dus à son rang!
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