Après la réédition sur ce blog de mon article sur "Marie, médiatrice et co-rédemptrice… avec toute l’Eglise", Hervé régit de nouveau – sur ma page Facebook cette fois-ci.
Hervé : Il n'y a qu'un seul Rédempteur, Jésus-Christ. Ton expression de "co-rédemptrice" pour la Vierge n'est pas enseignée par l'Eglise Catholique (ce que m'avait confirmé un évêque auxiliaire de Paris, lors d'une conférence). Marie a une place à part, certes, mais l'expression "co-rédemptrice" est contestable...
[Il me met un lien avec le site internet du journal La Croix] Je cite : "Le Rédempteur, c’est lui et nul(le) autre ! La théologie a toujours insisté pour affirmer l’unicité du salut dans le Christ. Marie n’est donc pas «corédemptrice» comme on l’entend parfois."
Matthieu : ll est possible d’appeler Marie "corédemptrice" dans la mesure où l’on confesse fermement que Jésus-Christ est l’unique Rédempteur du monde. "La médiation corédemptrice personnelle de la Vierge est plus haute que celle de l’Église entière. Elle s’étend à tous les hommes de tous les temps ; elle est antérieure et enveloppante par rapport à toute médiation corédemptrice, fût-ce celle même de l’Église. En Marie, l’Église devient corédemptrice de tout ce dont le Christ est l’unique rédempteur, à savoir de tous les hommes, qu’ils le sachent ou qu’ils l’ignorent" (Cardinal Journet) [Je lui mets un lien avec un article sur le site internet de Famille Chrétienne]
Pour moi, la co-rédemption de Marie est manifeste à l'Annonciation. Sans le oui de Marie, il n'y a pas de Rédempteur.
Hervé : J'ai trouvé d'autres sources fiables : "La réponse de la Congrégation pour la doctrine de la foi consiste à dire que ce qui est visé ici est déjà mieux exprimé par d'autres titres de Marie, et que le concept de "corédemptrice" s'écarte aussi bien de l'Ecriture que des écrits patristiques, ce qui suscite des malentendus. Et "Le concept de corédemptrice s'écarte aussi bien de l'Écriture que des écrits patristiques. [...] Tout vient [du Christ], comme le soulignent les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens. Marie aussi est tout ce qu'elle est par lui. Le terme de corédemptrice obscurcirait cette donnée originelle. Une bonne intention s'exprime dans un mauvais vocable. Dans le domaine de la foi, la continuité avec la langue de l'Écriture et des Pères est essentielle. La langue n'est pas manipulable à volonté12." (signé par J. Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi). Je maintiens que cela n'est pas dans le Magistère de l'Eglise Catholique. Lumen Gentium indique bien "nulle dérogation, nulle addition n'en résulte quant à la dignité et à l'efficacité de l'unique Médiateur, le Christ."
Matthieu : On a le droit de ne pas être d'accord avec le Cardinal Ratzinger sur ce point. Avec les mêmes arguments, on aurait pu interdire l'expression "Mère de Dieu" qui est encore plus scandaleuse et explosive - et on aurait rejeté à jamais "l'immaculée conception" qui allait à contre-courant de la pensée de la majorité de théologiens et qui s'écartait "aussi bien de l'Écriture que des écrits patristiques". Il n'y a pas plus de raison que le terme "co-rédemptrice" obscurcisse l'unique Rédemption du Christ que le terme "médiatrice" obscurcisse l'unique Médiation du Christ ou que l'expression "Mère de Dieu" obscurcisse l'unicité divine. Le tout est de bien expliquer et de bien comprendre ce que l'on veut dire.
La citation que tu fais de Lumen Gentium s'attaque davantage à l'appellation de Marie médiatrice - qui, elle, fait partie, du Magistère. Mais ce serait bien que tu cites la phrase dans son intégralité : "C’est pourquoi la bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate, auxiliatrice, secourable, médiatrice, tout cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Médiateur, le Christ" (LG 62). Eh bien de même, je pourrais paraphraser : "C’est pourquoi la bienheureuse Vierge peut être invoquée dans l’Église sous le titre de co-rédemptrice, cela cependant entendu de telle sorte que nulle dérogation, nulle addition n’en résulte quant à la dignité et à l’efficacité de l’unique Rédempteur, le Christ".
Hervé : On pourrait te prouver cela avec une déclaration du Christ lui-même, tu resterais sur ta position... Je vais cesser de débattre sur ce sujet, mais t'assure que ton point de vue n'est pas approuvé par le Magistère (même si je ne dis pas que tu es hérétique ;-)). Comme tu admets que le Christ est au coeur de la Foi catholique (et non pas sa mère), l'essentiel est sauf !
Matthieu : Le Christ, par la voix de son Pape, me dit ceci :
"Anche a voi, cari ammalati, giunga la mia parola affettuosa e l’invito a gioire per la nascita dell’Immacolata Madre di Dio. Maria, pur concepita e nata senza macchia di peccato, ha partecipato in maniera mirabile alle sofferenze del suo divin Figlio, per essere CORREDENTRICE dell’umanità. Voi lo sapete, il dolore se unito a quello del Redentore ha un grande ed insostituibile valore salvifico. Intuite, allora, la preziosità inestimabile della vostra grande missione, sulla quale invoco le consolazioni di Maria, le gioie più profonde che per voi ha preparato il suo purissimo Cuore di Madre."
(Jean-Paul II, Audience Générale du 8 septembre 1982, dans l'adresse ai gruppi italiani après la prière en polonais)
"Comme tu admets que le Christ est au coeur de la Foi catholique (et non pas sa mère), l'essentiel est sauf !" Sauf que je dis que Marie est au coeur de la Foi catholique AVEC son Fils (mais non certes pas au même plan) - puisque l'on ne peut séparer dans l'économie du Salut le Nouvel Adam et la Nouvelle Eve (Oh la la, comme je suis provocateur!...😄)
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