Nous avons vu dernièrement pourquoi il était essentiel pour un chrétien de faire de la philosophie : parce qu'au fondement de tout, il y a Dieu dont il faut bien se poser la question de l'existence. Si Dieu n'existe pas, alors autant aller planter des choux. La vie chrétienne serait vaine et pathétique. Nous serions les plus malheureux de tous les hommes (cf. 1 Co 15. 19)
Nous avons vu également pourquoi il était important de faire de l'apologétique : parce que l'existence de Dieu étant posée, il faut se débrouiller avec les religions. Laquelle est la bonne? Quand on a démontré Dieu, on n'est pas arrivé au bout du chemin. Il ne suffit pas d'établir qu'Il existe, il faut encore rechercher qui Il est. Car des dieux, il en existe un certain nombre sur le "marché". Il faut donc rechercher si le Dieu dont la raison philosophique parvient à établir l'existence s'est manifesté de quelque manière pour se faire connaître - s'il a communiqué avec nous. Comme le disait Mgr André Vingt-Trois à la Messe de Noël au Sacré-Coeur de Montmartre (Paris 18e) : "S'il n'y a aucune communication avec Lui, alors son existence ou son inexistence ne nous intéresse pas".
L'apologétique aura pour tâche d'établir tour à tour :
- le fait de la révélation à Israël,
- le fait de la manifestation de Dieu en Jésus-Christ,
- le fait de la continuation de l'oeuvre du Christ dans l'Eglise catholique.
- le fait de la révélation à Israël,
- le fait de la manifestation de Dieu en Jésus-Christ,
- le fait de la continuation de l'oeuvre du Christ dans l'Eglise catholique.
La vérité du christianisme étant établie par le travail apologétique, le travail du chrétien s'arrête-t-il là? Non bien entendu. A vrai dire, il n'a pas encore véritablement commencé. Car la philosophie et l'apologétique sont des oeuvres de la raison humaine s'employant à penser le fait de l'Univers physique et de tout ce qu'il contient (pour la philosophie) et le fait de la Révélation (pour l'apologétique). Or, le chrétien est invité à vivre de la foi (cf. Ha 2. 4). Même si c'est la foi qui incite le catholique à investir du temps pour faire de la philosophie et de l'apologétique, ce ne sont pas là des oeuvres de la foi - en ce sens qu'elles ne présupposent pas la foi pour être accomplies correctement.
Puisque je sais maintenant - au terme de mon cheminement philosophico-apologétique - que Dieu existe et qui Il est - le Dieu de Jésus-Christ -, alors je vais pouvoir Lui donner ma foi - ou pas. Si j'estime que ce Dieu là est véridique et digne de confiance, alors je vais écouter ce qu'il me dit - car le Dieu des chrétiens parle. Et Il parle pour nous révéler qui Il est et ce que nous sommes pour Lui, ce à quoi il nous destine pour l'éternité - toutes choses qu'aucune science humaine ne pourrait découvrir par elle-même, puisqu'elles sont le secret de Dieu.
C'est ici que commence la théologie. Dans l'écoute attentive et priante de la Parole de Dieu. Le vrai théologien, disait Hans-Urs Von Balthasar, est le théologien à genou. La théologie en effet - à la différence des deux autres disciplines - présuppose la foi. Elle se réalise dans une écoute docile à la Parole du Maître à qui l'on reconnaît une autorité pour nous enseigner.
Par nature, le théologien est un disciple. De même que le savant reçoit sa science des informations communiquées par l'Univers physique à l'enseignement duquel il se plie sans discuter - de même, le théologien nourrit son intelligences des informations communiquées dans Sa Révélation par Dieu à l'enseignement duquel il se soumet sans contester - et comment le pourrait-il? Il n'a aucun moyen de vérifier par lui-même si ce que Dieu dit est vrai ou non. Il n'a d'autre choix que d'y croire. Cela dit, s'il y croit, c'est qu'il a des raisons d'y croire - des raisons de penser que Dieu est digne de confiance lorsqu'il l'instruit de vérités mystérieuses. Voilà pourquoi la raison est si essentielle à la foi : enlevez la raison, et la foi finira par tomber - comme un peintre se cassera la figure si vous lui retirez l'échelle sur laquelle il est installé.
La raison conduit à la foi théologale - et la foi théologale, à la raison théologique. Autrement dit : "Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice de sa raison ! Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec la foi ! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la recevoir comme un don précieux." (Benoît XVI)
C'est la raison croyante qui est théologienne lorsqu'elle s'applique à penser le contenu de la révélation, à méditer la Parole de Dieu et les mystères de la religion catholique. Non pour les élucider comme on résoudrait une énigme - erreur commise par beaucoup d'hérétiques. Mais pour mieux s'en délecter. "Le mystère n'est pas un mur contre lequel on bute, disait le Père Descouvemont, mais un océan sans rivage qu'on n'a jamais fini d'explorer." Plus nous pensons les mystères de notre foi, plus nous en découvrons des aspects nouveaux qui ravissent notre âme et font grandir en nos coeurs l'amour et la joie. La théologie a une finalité contemplative.
"Tant qu’il ne fait qu’établir contre les incroyants ou les hérétiques (...) que telle proposition est vraiment du domaine de la Foi ou s’y rattache, [le théologien] ne travaille qu’à certifier l’existence de la vérité. C’est trop peu pour nos intelligences de savoir que telle proposition appartient au domaine de la Foi et que nous devons y adhérer ; nous voulons ensuite scruter et contempler en elle-même cette vérité pour jouir de sa lumière. Nous voulons, dans la mesure du possible, saisir l’harmonie des termes qui la composent et saisir aussi l’harmonie de ses rapports avec le monde de la vérité tout entière. C’est ici que viennent ces sublimes envolées qui n’enferment plus nos esprits dans une sèche et aride discussion de textes, mais qui ouvrent à nos âmes les splendides horizons du monde de la nature, du monde des âmes, du monde des esprits, du monde divin lui-même en qu’il a de plus éblouissant et de plus radieux. Qui nous dira les joies d’âme du théologien (...) qui vit habituellement dans ces sublimes régions ? Et se peut-il concevoir rien de plus grand, en même temps que de plus "utile", au sens profond de ce mot, que d’initier les âmes à ces magnificences ? Qui donc oserait prétendre que nous ne devons plus désormais vaquer à ces hautes spéculations et que nous devons nous contenter de ce qu’il y a d’exclusivement positif dans le rôle du Docteur sacré ? Autant vaudrait étouffer en nous le désir du divin ou nous en interdire l’accès, après nous avoir certifié qu’il existe. Mais c’est au contraire plus que jamais que nous avons besoin aujourd’hui de voir en elles-mêmes et de goûter dans leur synthèse harmonieuse les vérités de notre Foi. S’il n’est pas destiné à donner la Foi quand on ne l’a pas déjà (...) ce travail d’explication et de développement lumineux aura pour résultat d’affermir les âmes croyantes en leur donnant le goût savoureux des choses de la Foi." (P. Thomas Pègues, dans son Commentaire de la Somme théologique de Saint Thomas d'Aquin)
Voilà pourquoi un chrétien doit faire de la théologie. Bien plus : voilà pourquoi le chrétien est un théologien - par nature. Parce qu'il est un croyant ; parce qu'il écoute la Parole de Dieu ; parce qu'il est doué de raison et que celle-ci trouve (sur)naturellement à s'appliquer à la Parole de Dieu - pour mieux la comprendre, pour mieux en vivre et pour mieux en rendre compte autour de lui.
Pour ne pas s'égarer dans le travail théologique ni raisonner de travers au risque de développer une pensée contraire à celle de l'Eglise (piège dont tant d'hérétiques sont tombés dans le passé), le croyant catholique veillera au strict respect des règles du Code de la route théologique imposant aux intellectuels catholiques de se conformer à l'enseignement de l'Ecriture Sainte, de la Tradition et du Magistère - car la Parole de Dieu ne peut être comprise en vérité qu'en Eglise, dans la communion et non dans la désunion - laquelle est une tentation venant de l'Adversaire de l'Eglise. S'il peut arriver que l'Esprit Saint nous donne quelque lumière inédite sur tel ou tel aspect de la Parole de Dieu ou sur un mystère de la foi, il s'agira d'en éprouver l'authenticité en la confrontant à la pensée constante de l'Eglise et à ses Dogmes - qui bornent le territoire de la pensée catholique et marquent une limite à ne pas franchir. Car Dieu ne peut pas se contredire. S'il semble qu'il y ait contradiction entre l'une quelconque de mes pensées et celle de l'Eglise, il me faudra être prêt à y renoncer - car on ne peut avoir raison contre toute l'Eglise. C'est à elle en effet que le Seigneur a promis son assistance et sa protection contre "les portes de l'enfer" (cf. Mt 16. 18). Pour ne pas se perdre sur les sentiers de cette vie, le chrétien-théologien aura à coeur de conserver sur lui la boussole de l'Eglise - Don Bosco aurait dit des 3 Blancheurs : le Pape, l'Eucharistie et la Vierge Marie. Là où se trouvent ensemble ces trois réalités, là se trouve le vert pâturage où la brebis pourra s'épancher et s'ébattre en toute sécurité.
C'est ici que commence la théologie. Dans l'écoute attentive et priante de la Parole de Dieu. Le vrai théologien, disait Hans-Urs Von Balthasar, est le théologien à genou. La théologie en effet - à la différence des deux autres disciplines - présuppose la foi. Elle se réalise dans une écoute docile à la Parole du Maître à qui l'on reconnaît une autorité pour nous enseigner.
Par nature, le théologien est un disciple. De même que le savant reçoit sa science des informations communiquées par l'Univers physique à l'enseignement duquel il se plie sans discuter - de même, le théologien nourrit son intelligences des informations communiquées dans Sa Révélation par Dieu à l'enseignement duquel il se soumet sans contester - et comment le pourrait-il? Il n'a aucun moyen de vérifier par lui-même si ce que Dieu dit est vrai ou non. Il n'a d'autre choix que d'y croire. Cela dit, s'il y croit, c'est qu'il a des raisons d'y croire - des raisons de penser que Dieu est digne de confiance lorsqu'il l'instruit de vérités mystérieuses. Voilà pourquoi la raison est si essentielle à la foi : enlevez la raison, et la foi finira par tomber - comme un peintre se cassera la figure si vous lui retirez l'échelle sur laquelle il est installé.
La raison conduit à la foi théologale - et la foi théologale, à la raison théologique. Autrement dit : "Jamais Dieu ne demande à l'homme de faire le sacrifice de sa raison ! Jamais la raison n'entre en contradiction réelle avec la foi ! L'unique Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, a créé notre raison et nous donne la foi, en proposant à notre liberté de la recevoir comme un don précieux." (Benoît XVI)
C'est la raison croyante qui est théologienne lorsqu'elle s'applique à penser le contenu de la révélation, à méditer la Parole de Dieu et les mystères de la religion catholique. Non pour les élucider comme on résoudrait une énigme - erreur commise par beaucoup d'hérétiques. Mais pour mieux s'en délecter. "Le mystère n'est pas un mur contre lequel on bute, disait le Père Descouvemont, mais un océan sans rivage qu'on n'a jamais fini d'explorer." Plus nous pensons les mystères de notre foi, plus nous en découvrons des aspects nouveaux qui ravissent notre âme et font grandir en nos coeurs l'amour et la joie. La théologie a une finalité contemplative.
"Tant qu’il ne fait qu’établir contre les incroyants ou les hérétiques (...) que telle proposition est vraiment du domaine de la Foi ou s’y rattache, [le théologien] ne travaille qu’à certifier l’existence de la vérité. C’est trop peu pour nos intelligences de savoir que telle proposition appartient au domaine de la Foi et que nous devons y adhérer ; nous voulons ensuite scruter et contempler en elle-même cette vérité pour jouir de sa lumière. Nous voulons, dans la mesure du possible, saisir l’harmonie des termes qui la composent et saisir aussi l’harmonie de ses rapports avec le monde de la vérité tout entière. C’est ici que viennent ces sublimes envolées qui n’enferment plus nos esprits dans une sèche et aride discussion de textes, mais qui ouvrent à nos âmes les splendides horizons du monde de la nature, du monde des âmes, du monde des esprits, du monde divin lui-même en qu’il a de plus éblouissant et de plus radieux. Qui nous dira les joies d’âme du théologien (...) qui vit habituellement dans ces sublimes régions ? Et se peut-il concevoir rien de plus grand, en même temps que de plus "utile", au sens profond de ce mot, que d’initier les âmes à ces magnificences ? Qui donc oserait prétendre que nous ne devons plus désormais vaquer à ces hautes spéculations et que nous devons nous contenter de ce qu’il y a d’exclusivement positif dans le rôle du Docteur sacré ? Autant vaudrait étouffer en nous le désir du divin ou nous en interdire l’accès, après nous avoir certifié qu’il existe. Mais c’est au contraire plus que jamais que nous avons besoin aujourd’hui de voir en elles-mêmes et de goûter dans leur synthèse harmonieuse les vérités de notre Foi. S’il n’est pas destiné à donner la Foi quand on ne l’a pas déjà (...) ce travail d’explication et de développement lumineux aura pour résultat d’affermir les âmes croyantes en leur donnant le goût savoureux des choses de la Foi." (P. Thomas Pègues, dans son Commentaire de la Somme théologique de Saint Thomas d'Aquin)
Voilà pourquoi un chrétien doit faire de la théologie. Bien plus : voilà pourquoi le chrétien est un théologien - par nature. Parce qu'il est un croyant ; parce qu'il écoute la Parole de Dieu ; parce qu'il est doué de raison et que celle-ci trouve (sur)naturellement à s'appliquer à la Parole de Dieu - pour mieux la comprendre, pour mieux en vivre et pour mieux en rendre compte autour de lui.
Pour ne pas s'égarer dans le travail théologique ni raisonner de travers au risque de développer une pensée contraire à celle de l'Eglise (piège dont tant d'hérétiques sont tombés dans le passé), le croyant catholique veillera au strict respect des règles du Code de la route théologique imposant aux intellectuels catholiques de se conformer à l'enseignement de l'Ecriture Sainte, de la Tradition et du Magistère - car la Parole de Dieu ne peut être comprise en vérité qu'en Eglise, dans la communion et non dans la désunion - laquelle est une tentation venant de l'Adversaire de l'Eglise. S'il peut arriver que l'Esprit Saint nous donne quelque lumière inédite sur tel ou tel aspect de la Parole de Dieu ou sur un mystère de la foi, il s'agira d'en éprouver l'authenticité en la confrontant à la pensée constante de l'Eglise et à ses Dogmes - qui bornent le territoire de la pensée catholique et marquent une limite à ne pas franchir. Car Dieu ne peut pas se contredire. S'il semble qu'il y ait contradiction entre l'une quelconque de mes pensées et celle de l'Eglise, il me faudra être prêt à y renoncer - car on ne peut avoir raison contre toute l'Eglise. C'est à elle en effet que le Seigneur a promis son assistance et sa protection contre "les portes de l'enfer" (cf. Mt 16. 18). Pour ne pas se perdre sur les sentiers de cette vie, le chrétien-théologien aura à coeur de conserver sur lui la boussole de l'Eglise - Don Bosco aurait dit des 3 Blancheurs : le Pape, l'Eucharistie et la Vierge Marie. Là où se trouvent ensemble ces trois réalités, là se trouve le vert pâturage où la brebis pourra s'épancher et s'ébattre en toute sécurité.
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