vendredi 12 avril 2019

Ce que nous enseignent les sciences de la nature - Dialogue avec les lecteurs (2)

Suite du débat avec les lecteurs du blog Totus Tuus consécutif à la publication de la citation d'Albert Vandel sur "Ce que nous enseignent les sciences de la nature".

Commentaire n°7 posté par le Pasteur Eric

Tout le problème vient apparemment du fait que nos catégories théologiques ne sont pas les mêmes. Dieu EST, nous sommes d'accord ; et il EST de toute éternité, là encore nous sommes d'accord. Est ce que la matière est de toute éternité ? Je n'ai jamais rien affirmé de tel, bien au contraire. Je me contente de dire que la Genèse me parle d'un Dieu qui ordonne un chaos sans me dire d'ou vient ce chaos. J'apprécie assez l'exégèse juive qui explique que si la première lettre de la Bible est le B du Berechit, c'est que nous ne savons pas ce qui se passe avant l'acte d'agencement du Tohu Bohu. De même, non seulement la Bible ne définit jamais Dieu mais encore elle refuse les définitions, la réponse de Dieu à Moïse JE SUIS est une non-réponse...

Votre théologie est celle du dogme, c'est à dire que vous définissez Dieu (l'être absolu, pur esprit, tout puissant, infiniment bon et puissant, omniscient, éternel, etc.), vous posez des vérités incontestables, et à partir de ces dogmes vous relisez l'histoire du monde.

Ce n'est pas comme cela que je vois la théologie. Pour moi, il s'agit d'un discours toujours humain et imparfait sur la relation de Dieu à l'homme. Un discours qui est forcément tributaire de la vision que nous avons du monde. Ainsi, je ne crois pas mon discours sur le Dieu électeur soit meilleur ou plus vrai que l'aristotélisme de Thomas d'Aquin ou que le géocentrisme médiéval, il me semble simplement reposer sur que nous savons aujourd'hui de notre monde. Aujourd'hui, demain, d'autres que moi devront inventer d'autres discours, de nouvelles théologies pour rendre compte avec de nouveaux mots, de nouvelles idées de cette bonne nouvelle que Dieu nous adresse.

Deux dernières remarques, je n'ai jamais dit non plus que l'acte créateur de Dieu ne concernait que l'humanité (il y a pour moi un vieil homme comme un homme nouveau et une nature et une création). Quant à la citation de Jérémie, elle n'a rien à voir avec la question de la création qui nous occupe ni avec la nature et la place de l'homme dans celle-ci. Jérémie fustige les idolâtres qui voient leurs dieux de pierre et de bois comme créateurs (attention aux versets bibliques sortis de leur contexte).

Réponse au Commentaire n°7

Cher Pasteur,

Je crois avoir démontré que la foi en un Dieu Créateur de toute chose ex nihilo ne procède pas seulement d’une affirmation dogmatique purement gratuite, mais résulte également d’une analyse philosophique qui tient compte du donné des sciences positives.

Quant au fondement biblique du "dessein intelligent" (c’est-à-dire de l’évolution orientée) et de la place tout à fait unique de l’homme dans l’univers, il me paraît que le premier récit de la Création (Gn 1) auquel vous faites référence dans votre dernier commentaire suffit amplement. Dieu conduit la matière du Tohu Bohu à la vie, puis de la vie à l’homme, ainsi que les sciences naturelles le confirment dans leur domaine propre. La proposition théologique de "l’homme accident" ne me paraît ni biblique, ni conforme à ce que nous savons aujourd’hui des sciences de la nature.

Commentaire n°8 posté par le Pasteur Eric

En fait ce qui me gène le plus dans votre discours, c'est que vous asservissiez à ce point la science à la théologie. Tant qu'une partie importante et reconnue des scientifiques parle d'accident, de contingence aveugle (lisez donc des auteurs non chrétiens), il est malhonnête de dire que l'homme accident n'est pas conforme à ce que nous savons des sciences de la nature...

De plus, je ne reproche pas au dogme d'être gratuit, je lui reproche de croire que la pensée humaine peut capturer l'être de Dieu (c'est un autre de mes points de désaccords fondamentaux avec le discours de Benoît XVI à Ratisbonne : Dieu n'est pas assujetti à la raison).

Enfin, si l'univers tel que nous le connaissons est l'expression d'un Dieu tout puissant et infiniment bon, je serais curieux de savoir comment vous expliquez rationnellement qu’un Dieu bon a pu fixer des lois naturelles qui nous font vivre dans un univers ou la vie se repaît de la mort.

Réponse au Commentaire n°8

Eh bien moi, cher Pasteur, je trouve malhonnête "qu’une partie importante et reconnue des scientifiques parle d’accident et de contingence aveugle", faisant ainsi passer de pures spéculations philosophiques pour des théories scientifiques.

"Comment un Dieu bon a pu fixer des lois naturelles qui nous font vivre dans un univers ou la vie se repaît de la mort ?". C’est la grande question de tous les athéismes. C’est aussi la grande question posée par la Bible : pourquoi y a-t-il dans le monde du mal et de la souffrance? Pourquoi la mort, la "prédation" disiez-vous ? Vous aurez un début de réponse si vous tournez les pages de votre Bible pour vous rendre au chapitre 3 du livre de la Genèse. Vous y verrez que ce monde matériel dans lequel nous vivons n’est pas le paradis terrestre, qu’il n’est pas le monde tel que Dieu l’a voulu et conçu originellement, et que si ce monde reste fondamentalement bon, il n’en est pas moins profondément abîmé, altéré dans son intégrité originelle, "cassé", suite au péché de nos premiers parents.

Commentaire n°9 posté par le Pasteur Eric

Alors là, je ne comprends pas très bien... Le dessein intelligent que vous professez est une démarche philosophique mais les scientifiques que j'ai lu ne disent pas que les mécanismes de l'évolution prouvent qu'il n'y a pas de Dieu ou de dessein ; ils disent "il est inutile d'avoir recours au concept d'un dessein intelligent pour expliquer l'évolution". C'est un peu comme si vous disiez que la loi de la pesanteur est une preuve de l'existence de Dieu. Vous avez en tant que croyant le droit d'y voir un signe de l'existence de Dieu et de louer Dieu pour cette loi mais il me parait légitime que d'autres vous disent que cela ne prouve rien...

Quant au péché originel expliquant la force destructrice de la nature, désolé mais que la faute de l'homme "casse" la nature entière est une explication à laquelle même le chrétien convaincu que je suis ne peut adhérer...

Réponse au Commentaire n°9

Je trouve ahurissant pour ma part que des scientifiques osent dire : "Il est inutile d'avoir un raisonnement philosophique sur la question de l'évolution, notre science suffit à tout expliquer!" Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien. Ce mépris affiché de la réflexion philosophique est typique d'une pensée "positiviste" qui a tout d’une philosophie et rien d’une science… mais que l’on veut faire passer pour de la science!

Comme l'écrivait Etienne Wolff, un maître de la biologie contemporaine, professeur au Collège de France : "Lorsqu'[un biologiste en embryologie] a démontré avec succès certains mécanismes, lorsqu'il a prouvé qu'une différenciation en commande une autre, qu'un tissu exerce une induction sur un autre tissu par l'intermédiaire de substances chimiques, il n'a pas expliqué pourquoi ces substances apparaissent à un moment précis du développement et à un emplacement déterminé de l'embryon, pourquoi tout se met en place suivant un plan rigoureux et une chronologie précise, comme si tout était prévu et harmonisé à l'avance"...

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