mardi 2 avril 2019

L'orientation biocentrique de l'Univers

Nous l’avons vu, le monde repose sur un petit nombre de particules élémentaires : 92 corps simples au total. Nous avons vu également que l’hydrogène et l’hélium représentent à eux seuls 99 % de la matière cosmique ! On peut être surpris par ces chiffres qui laissent seulement 1 % de l’Univers à tous les autres éléments chimiques réunis. Ajoutons que l’hydrogène est quantitativement le plus important, et qu'il représente 47 % de la croûte terrestre, 66 % de l’eau de mer et 63 % du corps humain. Voilà qui ne laisse pas de nous faire réfléchir, d’autant que l’hydrogène et l’hélium sont directement issus du Big Bang (nous y reviendrons).

Certains scientifiques, tels Michael Denton, se disent fascinés par l'orientation biocentrique de la matière, le phénomène de la vie découlant, selon eux, des lois mêmes de la nature – non du hasard –, et en particulier de l’étonnante adaptation physique et chimique de la Terre.

L’existence d’une vie fondée sur le carbone au sein de notre hydrosphère dépend ainsi de toute une série de conditions et processus géophysiques et chimiques sans lesquels elle n’aurait jamais pu voir le jour.

Le cycle du carbone, par exemple, dépend de façon critique des concentrations et des propriétés physiques et chimiques (réactivité chimique, solubilité, etc.) des composés suivants : gaz carbonique, ion bicarbonate, acide carbonique, carbonate de calcium ou calcite, et carbonate de magnésium ou dolomite (composés solide) ; méthane (gaz)… Que l’une seulement des propriétés de l’un de ces composés ne soit pas précisément ce qu’elle est, et le cycle du carbone au sein de l’hydrosphère serait impossible – ainsi donc que toute forme de vie fondée sur le carbone.

"Etant donné toute la diversité des composés chimiques et toute la gamme de leurs propriétés physiques et chimiques, il est remarquable que tant d’éléments puissent si efficacement décrire des cycles (…). Il est facile d’imaginer que le changement des propriétés d’un seul composé crucial dans n’importe lequel des cycles d’importance critique rendrait impossible la vie fondée sur le carbone. Ainsi, si le calcaire était aussi peu soluble que le quartz, il n’y aurait pas de carbone disponible dans les eaux d’une planète telle que la Terre (…). Vu la complexité de la géochimie au sein de la croûte terrestre et de l’hydrosphère, il est extraordinaire que tant de variables différentes aient gardé un niveau constant pendant près de trois milliards d’années : la température moyenne de la mer, la concentration de gaz carbonique dans l’air, la salinité de la mer, le taux annuel de sédimentation dans la mer d’environ trente éléments différents, etc. Dans la mesure où s’interpénètrent les cycles de l’eau, du carbone, du fer, du magnésium, de la tectonique des plaques, etc… ils donnent de la Terre l’image d’une immense horloge dotée de rouages s’engrenant parfaitement les uns aux autres et tournant chacun à la vitesse appropriée pour maintenir dans l’hydrosphère les taux requis des éléments essentiels à la vie" (Michael Denton, in L’Evolution a-t-elle un sens?, Fayard, 1997, p. 136-137).

Pour Michael Denton, l’existence d’une hydrosphère stable parfaitement adéquate à la vie à la surface d’une planète telle que la Terre découle manifestement de l’accomplissement d’une loi naturelle : "Il est difficile d’échapper à l’impression que les planètes adéquates à notre type de vie doivent posséder non seulement des mers, des ressacs mugissants et de douces pluies, mais aussi des volcans, et de vastes chaînes de montagnes où se forment des glaciers donnant naissance à des rivières, lesquelles apportent aux mers et distribuent dans toute l’hydrosphère les éléments vitaux arrachés aux roches par l’érosion. De telles planètes doivent encore présenter une dérive des continents et une tectonique des plaques. Toutes ces caractéristiques dressent un tableau familier : celui-ci n’est nullement accidentel, mais représente la conséquence déterminée et inévitable des lois de la nature"  (op.citp. 144).

Et Denton de conclure : "l’hypothèse traditionnelle du dessein, loin d’être la doctrine surannée et obscurantiste décrite par certains, est entièrement compatible avec les faits reconnus en science (…). L’existence de notre type de vie fondée sur le carbone et l’eau dépend de façon critique d’un certain nombre d’ajustements simultanés remarquables dans les propriétés fondamentales de beaucoup d’entre eux. Il est particulièrement frappant de constater que dans presque tous les cas, chaque constituant élémentaire de la cellule paraît être le seul candidat disponible pour jouer son rôle biologique particulier, et qu’en outre, il donne toutes les apparences d’être idéalement adapté à ce rôle, non pas sous l’angle d’une ou deux de ses caractéristiques, mais sous celui de la totalité de ses propriétés physiques et chimiques. Toutes les données à notre disposition suggèrent que les caractéristiques chimiques et physiques de tous les atomes et de toutes les molécules qui constituent les êtres vivants doivent être précisément ce qu’elles sont, sans quoi la vie serait impossible" (op.citp. 8).

"Les ajustements simultanés au sein des constituants élémentaires de la vie sont si nombreux et si remarquables qu’il semble impossible qu’il puisse exister une autre série équivalente d’ajustements facilitant la vie sous la forme de quelque autre collection d’entités physico-chimiques semblables. Et cela laisse à penser que la vie telle que nous la connaissons sur la Terre est, selon toute probabilité, un phénomène unique en son genre. Autrement dit, si nous voulions construire un système biochimique auto-réplicatif en partant des prévisions théoriques, nous en arriverions à reconstruire une cellule exactement sous la forme qu’une telle entité présente sur la Terre" (op.citp. 8).

"Toutes les apparences militent [donc] en faveur d’un cosmos profondément orienté dans le sens de la vie, c’est-à-dire 'biocentrique'. Le cosmos est un 'tout' spécialement agencé pour l’apparition de la vie et de l’homme, de sorte que toutes les facettes de la réalité – de la dimension des galaxies à la capacité thermique de l’eau – s’expliquent par cette caractéristique primordiale" (op.citp. 8-9).

Michael Denton précise bien qu’"aucune de ces données ne constitue une preuve catégorique de l’interprétation téléologique de l’évolution, mais la seule alternative non téléologique – la théorie darwinienne de la sélection naturelle – n’est pas convaincante" (op.citp. 9).


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