Après avoir réfléchi sur le cerveau, sommet absolu de toute la création matérielle, poursuivons notre contemplation de cet étrange animal qu’est l’homme en nous intéressant aujourd’hui à l’un de ses plus fascinants organes (qui ne lui est cependant pas propre) : l’œil.
La fonction de l'œil est de recevoir et transformer les vibrations électromagnétiques de la lumière en influx nerveux transmis au cerveau. L'oeil fonctionne donc comme un appareil photographique.
Le globe oculaire ressemble à une petite balle d'un diamètre de 2,5 cm, d'une masse d'environ 7 grammes et d'un volume de 6,5 cm3. La couche externe, la sclérotique, est une enveloppe de protection. Elle recouvre environ les cinq sixièmes de la surface de l'oeil. Elle donne à l'oeil sa couleur blanche et sa rigidité. La choroïde est une couche vasculaire de couleur noire qui tapisse les trois cinquièmes postérieurs du globe oculaire. Elle est en continuité avec le corps ciliaire et l'iris, qui se situent à l'avant de l'oeil. Elle absorbe les rayons lumineux inutiles pour la vision, elle est très riche en vaisseaux sanguins afin de nourrir les photorécepteurs de la rétine.
La rétine est la couche sensible à la lumière grâce aux photorécepteurs. La rétine possède 2 types de photorécepteurs :
1°) Les bâtonnets : de forme allongée, ils doivent leur nom à leur forme. Ils sont environ 130 millions. Ils se logent à la périphérie, et ont une très grande sensibilité à la lumière, d'où leur capacité à percevoir de très faibles lueurs la nuit (vision de nuit). Ils ont une très faible perception des détails et des couleurs car plusieurs dizaines de bâtonnets ne sont liés qu'à une seule fibre du nerf optique. Ils contiennent une substance chimique appelée rhodopsine ou pourpre rétinien. Quand la lumière frappe une molécule de rhodopsine, celle-ci génère un faible courant électrique. Les signaux ainsi recueillis forment un message qui est transmis aux cellules nerveuses de la rétine.
2°) Les cônes : ils sont environ 5 à 7 millions à se loger dans la fovéa. Leur sensibilité à la lumière est très faible mais leur perception des détails est très grande pour deux raisons : il y a une densité très élevé de cônes dans la fovéa et surtout chaque cône de la fovéa transmet son information à plusieurs fibres du nerf optique. Ainsi, ils ont une très bonne sensibilité aux couleurs (vision de jour).
La cornée est une membrane solide et transparente de 11 mm de diamètre au travers de laquelle la lumière entre à l'intérieur de l'œil. La cornée est privé de vaisseaux sanguins (sinon notre vision serait troublée), elle est donc nourrie par un liquide fluide comme l'eau : l'humeur aqueuse. La cornée contient 78 % d'eau et pour maintenir ce degré d'hydrophilie elle est constamment recouverte de larmes alimentées en continu par les glandes lacrymales et répartis par le battement des paupières. La cornée est la principale lentille de l'oeil, elle assure environ 80 % de la réfraction.
Le cristallin est une lentille auxiliaire molle et composée de fines couches superposées, qui se déforme sous l'action du muscle ciliaire. Il joue le rôle d’un objectif supérieur à tout appareil optique le plus perfectionné, il s’adapte pour la vision à diverses distances grâce à un changement de courbure de ses faces dû à la contraction ou au relâchement du muscle ciliaire.
L'iris (arc-en-ciel en grec) désigne le diaphragme de l'oeil percé en son centre par la pupille. C'est un muscle qui fait varier l'ouverture de la pupille (entre 2,5 et 7 mm) afin de modifier la quantité de lumière qui pénètre dans l'oeil pour éviter l'aveuglement en plein soleil ou capter le peu de rayons la nuit.
Quant à la pupille, il s'agit d'un trou au centre de l'iris qui permet de faire passer les rayons lumineux vers la rétine.
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"Expliquez l’œil, et je vous fais grâce du reste !" s’exclamait un jour le célèbre zoologiste Pierre-Paul Grassé…
L’œil est un organe qui a fasciné nombre de scientifiques et de théologiens. Ainsi en est-il du révérend anglican, William Paley (1743-1805), qui voyait dans l’œil (si j’ose dire) une preuve éclatante de l’existence de Dieu. Voici quel était son raisonnement.
"Supposez qu’en traversant une lande, je heurte du pied une pierre et qu’on me demande d’expliquer comment il se fait qu’elle se trouvait là. Je répondrais sans doute que, jusqu’à preuve du contraire, elle y était depuis toujours ; et il ne serait sans doute pas très facile de montrer l’absurdité de cette réponse.
"Mais supposez que j’aie trouvé une montre sur le sol et qu’on me demande comment il se fait qu’elle se trouvait en cet endroit ; je pourrais difficilement invoquer la réponse donnée précédemment, c’est-à-dire : "Pour autant que je le sache, elle a sans doute toujours été là." Et l’on peut se demander pourquoi cette réponse ne peut pas être employée dans le cas de la montre aussi bien que dans celui de la pierre. Pourquoi n’est-elle pas admissible dans le second cas, alors qu’elle l’est dans le premier ? La raison en est, et il n’y en a pas d’autre, que lorsqu’on observe de près la montre, nous nous rendons compte (et ce n’est pas le cas pour la pierre) que ces différents organes sont arrangés dans un but, c’est-à-dire qu’ils ont une forme et un agencement qui permettent la réalisation d’un mouvement, celui-ci étant réglé de façon à pouvoir indiquer l’heure au sein de la journée ; et si les différents organes avaient eu une forme ou une dimension différentes de celles qu’ils ont, ou qu’ils aient été positionnés de toute autre manière, ou dans n’importe quel autre ordre que celui qu’ils ont, il n’en aurait résulté aucun mouvement dans la machine, ou bien aucun qui aurait pu répondre à l’usage qui en est à présent fait.
"Décrivons brièvement quelques-uns des organes parmi les plus simples de cette montre, et rappelons-en les fonctions, toutes orientées vers un but unique : nous voyons un boîtier cylindrique contenant un ressort en spirale qui, en tendant à se relâcher, fait tourner l’ensemble du mécanisme (…) ; nous voyons une série de roues dont les dents s’engrènent et transmettent le mouvement de la fusée au balancier, et du balancier aux aiguilles (…) ; nous remarquons que les roues sont en cuivre, afin d’éviter qu’elles ne rouillent (…).
"Ce mécanisme étant observé (…), la déduction, pensons-nous, est inévitable : la montre a nécessairement eu, à un moment ou à un autre, en un lieu ou en un autre, un horloger qui l’a élaborée de façon à ce qu’elle desserve l’objectif que nous la voyons réellement remplir ; qui a compris la façon de la construire ; et qui a conçu son usage".
Paley étend ensuite son raisonnement à l’œil. Il part du constat que l’organisation de l’œil est strictement analogue à celle d’une lunette astronomique :
"Ses tissus et ses humeurs déterminent des structures semblables à celles des lentilles d’un télescope, permettant que se réfractent les rayons lumineux en un point donné, ce qui représente la fonction propre à cet organe ; la distribution des muscles pour que la pupille puisse être orientée vers l’objet regardé rappelle ce qui est obtenu par les vis de réglage d’un télescope (…) ; ces dispositifs forment ensemble un appareil, un système organique, une combinaison de mécanismes, dont la finalité est si manifeste et l’ingéniosité si admirable ; qui atteignent si magnifiquement leur but, qui sont si délicats (…) que, à mon avis, cela fait tomber tous les doutes pouvant être élevés à ce sujet (…)."
Et Paley de conclure que l’agencement des différentes parties de l’œil a nécessairement dû être obtenu selon un processus similaire à celui qui préside à la construction d’un télescope, et qui implique l’intervention d’un créateur intelligent : "S’il n’y avait que l’œil comme exemple au monde d’un agencement répondant à une fin, il suffirait à soutenir la conclusion que nous en tirons, c’est-à-dire la nécessité d’un Créateur intelligent. On ne pourrait jamais l’écarter, car on ne pourrait en rendre compte par aucune autre hypothèse (…). Même si d’autres parties de la nature étaient inaccessibles à nos investigations (…) la validité de cet exemple particulier resterait la même. S’il n’y avait qu’une montre dans le monde, il n’en serait pas moins certain qu’elle a été fabriquée par un artisan (…). Chaque machine est une preuve, indépendamment de tout le reste (…). L’œil le prouve, indépendamment de l’oreille ; l’oreille, indépendamment de l’œil".
Paley considère donc que tous les objets et phénomènes du monde naturel présentant une adaptation des moyens à une fin résultent nécessairement d’un dessein intelligent. Pour lui, "cette conclusion est inévitable".
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