Commentaire n°1 posté par l’Innocent :
« Oui, mais QUI a fait Dieu ? »
Réponse au Commentaire n°1 :
... et bien personne! Car l'Être ne peut pas ne pas être. Si l'être est, il est nécessairement éternel, sans commencement ni fin, car sinon, cela voudrait dire qu'il est issu du néant, ce qui est une impossibilité absolue (le néant est stérile, puisque par définition, il n'est pas) .
Si de l'être existe, il existe donc éternellement. Le problème est que la science nous révèle aujourd'hui que l'univers, lui, n'est pas éternel. Donc, l'être éternel nécessairement existant n'est pas notre univers, et celui-ci reçoit nécessairement son être de l'Être éternel (puisqu'il ne peut pas le recevoir du néant).
Cet Être éternel nécessairement existant qui n'est pas le néant ni l'univers, mais duquel l'univers tire son être, c'est celui-ci que nous nommons Dieu.
Commentaire n°2 posté par Denis :
« Bonjour Matthieu,
Tout ton raisonnement ne tient que si parler d'avant le Big Bang a un sens. Or scientifiquement du moins cela n'en a aucun. La matière et le temps dont nous pouvons appréhender l'existence grâce aux équations de la physique apparaissent simultanément 10-43 secondes (ce que l'on appelle le temps de Planck) après l'inaccessible instant zéro du Big Bang. A ce sujet l'excellent livre de Stephen Hawking "une brève histoire du temps" est très éclairant.
Par ailleurs je décèle une autre erreur de raisonnement. L'être de l'univers a des caractéristiques observables, mesurables, réelles. L'être de Dieu tel que tu le postule est beaucoup plus problématique. Il devait "exister" alors que rien n'existait de matériel, il aurait donc une "nature d'être" différente, que tu imagines "absolue". On a donc remplacé le mystère initial de l'existence de l'univers par un double mystère, celui de la création de l'univers par Dieu et celui de l'existence surnaturelle de ce Dieu.
En bref, à mon sens tu constates les limites de la science quand elle s'intéresse à l'origine de l'univers et là où la science s'arrête (au temps de Planck) tu dis qu'au-delà il y a Dieu. Pour ma part (c'est un choix, comme celui que tu as fait de croire en Dieu) je préfère simplement reconnaître les limites de nos connaissances et ne pas essayer d'imaginer ou spéculer sur une entité divine qui résiderait au-delà. »
Réponse au Commentaire n°2 :
« Tout ton raisonnement ne tient que si parler d'avant le Big Bang a un sens. Or scientifiquement du moins cela n'en a aucun. »
C’est bien ce que j’ai écris, Denis. Je suis très heureux en tous les cas de t’entendre dire qu’il n’existe pas d’avant Big Bang : cela signifie donc que le Big Bang est le commencement absolu de l’univers. Mais dis-moi Denis, tu connais beaucoup de commencements absolus qui se soient produits comme cela, pfffuiiitt, de rien ? Il me semblait moi que la science avait fait un sort définitif à la « génération spontanée ». Sauf à renoncer à la raison, il faut admettre que le fait du Big Bang a une cause ; que celle-ci ne peut être le néant – je pense que tu seras d’accord avec moi ; que ce ne peut pas être non plus l’univers, ou un état antérieur de l’univers, puisque, ainsi que tu le fais remarquer, celui-ci n’existait pas, ni dans l’espace ni dans le temps. Alors que reste-t-il, si ce n’est l’explication par une cause transcendante ? C’est la raison même qui nous y conduit ! On peut la rejeter, comme tu le fais. C’est un choix (arbitraire à mon sens). Mais il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître que l’hypothèse d’une création de l’univers par un Être transcendant et éternel est objectivement la plus rationnelle.
« Par ailleurs je décèle une autre erreur de raisonnement. L'être de l'univers a des caractéristiques observables, mesurables, réelles. L'être de Dieu tel que tu le postule est beaucoup plus problématique. Il devait "exister" alors que rien n'existait de matériel, il aurait donc une "nature d'être" différente, que tu imagines "absolue". On a donc remplacé le mystère initial de l'existence de l'univers par un double mystère, celui de la création de l'univers par Dieu et celui de l'existence surnaturelle de ce Dieu. »
Je dirais plutôt qu’on a déplacé le problème. Car l’existence de Dieu étant admise, celle de l’univers n’est plus un problème en soi. On peut considérer cet univers comme ayant eu un commencement sans avoir à lui rechercher une hypothétique éternité ; et on peut considérer son évolution vers des structures matérielles de plus en plus complexes et intelligentes jusqu’à l’apparition de l’homme, sans avoir à lui rechercher une intelligence propre, l’évolution cosmique étant gouvernée par le dessein Créateur de Dieu. Bref, on peut prendre l’univers tel qu’il est, sans lui ajouter quoi que ce soit, et voir en lui le premier grand témoignage d’amour d’un Dieu qui nous a fait le don gratuit de l’être et de la vie.
Si l’on rejette en revanche a priori l’existence de Dieu, en décrétant que non, décidément, il n’est pas possible qu’il existe (mais sans donner de raisons valables, si ce n’est la vague intuition personnelle que non, décidément, ce ne peut pas être possible), alors on est confronté à un univers qui s’est auto-créé (i.e qui s’est donné l’être à lui-même), et qui s’auto-organise de manière rationnelle et mathématique au point de donner naissance à ce chef-d’œuvre de complexité qu’est le cerveau humain, à côté duquel toutes les œuvres de l’intelligence humaine ne sont que roupie de sansonnet... Eh bien vois-tu Denis, entre un univers qui se crée tout seul, qui s’organise tout seul, qui évolue tout seul dans le sens d’une complexité croissante, d’une part, et un univers qui reçoit son être et ses étonnantes caractéristiques d’un Créateur transcendant souverainement intelligent et puissant, d’autre part, ma raison ne balance pas !
Reste alors le problème de l’être même de Dieu. Être bien mystérieux à la vérité, tu as raison de le souligner. On a certes résolu rationnellement le problème de l’existence de l’univers en admettant celle de Dieu, mais on n’a pas supprimé tout problème, puisque nous sommes maintenant face au mystère de Dieu. Mais le choix, comme disait Pascal, est le suivant : il est entre l’absurde d’un univers auto-créé et intelligent, et le mystère d’un univers créé par Dieu. Or, entre l’absurde et le mystère, il est raisonnable d’opter pour le mystère. Ou comme l’écrivait Jean Guitton : « l’absurdité de l’absurde me conduit au mystère ».
« En bref, à mon sens tu constates les limites de la science quand elle s'intéresse à l'origine de l'univers et là où la science s'arrête (au temps de Planck) tu dis qu'au-delà il y a Dieu. »
Oui, mais je le fais au nom de la raison.
« Pour ma part (c'est un choix, comme celui que tu as fait de croire en Dieu) je préfère simplement reconnaître les limites de nos connaissance et ne pas essayer d'imaginer ou spéculer sur une entité divine qui résiderait au-delà. »
C’est ton choix Denis, mais encore une fois, rien ne justifie que l’on renonce aux conclusions auxquelles la raison nous conduit au seul motif que ses conclusions ne nous plaisent pas. Ton attitude me paraît bien peu… scientifique à la vérité, l’esprit scientifique me semblant être par nature ouvert à la réalité telle qu’elle se découvre objectivement, nonobstant tout préjugé.
Et puis, je dis : c’est dommage. Car si tu admets deux secondes que Dieu puisse exister, il est certainement l’Être le plus merveilleux qui soit. Renoncer à poser l’existence de Dieu, ce n’est pas sans conséquence : c’est renoncer à un Amour ; c’est refuser la possibilité d’une Rencontre extraordinaire, qui pourrait bouleverser ton cœur, comme elle a changé la vie de tant de saints dans le monde ; c’est aussi rejeter une Espérance : celle de la vie qui ne finit pas, au-delà de cette mort qui nous attend tous, inéluctable. Et puis, pour toi qui est curieux d’esprit, c’est passer à côté de grandes découvertes de tout ce que Dieu nous a révélé de lui-même et de son mystère, ainsi que du secret de nos existences ; c’est se priver de grandes joies de l’intelligence et de cœur.
Tout cela ne vaut-il pas la peine de creuser un peu plus la question ?
Commentaire n°3 posté par l’Innocent :
« La troisième option est du même niveau que la première, tout simplement absurde. Comment un esprit raisonnable peut-il admettre que le Big Bang se soit produit comme cela, tout seul. Du néant ne peut naître spontanément quelque chose. C’est une impossibilité absolue. Le néant ne produit rien, ne crée rien. Car l'Être ne peut pas ne pas être. Si l'être est, il est nécessairement éternel »
« Je ne comprends rien ! C'est quoi cet être qui ne peut pas ne pas être et qui est (donc ?) éternel? Il a créé l'Univers à partir du néant, lui ? Pourtant, c'est idiot de dire ça, selon toi. Je m'embrouille... et ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas un bug dans ton raisonnement qui me semble se mordre un peu la queue. Mais je ne suis pas du tout philosophe. »
Réponse au Commentaire n°3 :
« Je ne comprends rien ! C'est quoi cet être qui ne peut pas ne pas être et qui est (donc ?) éternel ? »
Ben c’est simple (si j’ose dire !). S’il y a de l’être, c’est que de l’être a toujours existé. Sinon, cela veut dire qu’à un moment donné, il n’y avait pas d’être, mais : le néant absolu. Mais si le néant absolu avait « existé » à un « moment » donné, rien ne serait, puisque le néant ne peut rien créer. Sauf à considérer que l’être ait commencé d’exister par lui-même ; que l’être ait surgit spontanément du néant en vertu de ses propres ressources ; bref, qu’il se soit créé tout seul. Mais dans ce cas, il aurait fallu qu’il existât avant… d’exister, puisque pour se créer soi-même, encore faut-il exister avec un pouvoir créateur, par hypothèse. Si l’être n’existe pas, il ne peut pas poser le moindre acte de création ! Donc, on le voit : si de l’être existe, il existe nécessairement de toute éternité, car l’être ne peut pas surgir spontanément du néant. Puisque les sciences nous enseignent que l’univers n’est pas éternel, il faut admettre que l’être éternel existant nécessairement de toute éternité n’est pas l’être de l’univers, mais un autre être : et tu as là la réfutation philosophique parfaite du matérialisme !
Bon, je te renvoie à cet article qui te paraîtra sans doute un peu plus clair [je lui mets un lien avec l’article « Le néant existe-t-il ? » ].
« Il a créé l'Univers à partir du néant, lui ? Pourtant, c'est idiot de dire ça, selon toi. » Ce qui est idiot, c’est de dire que l’Univers s’est créé tout seul, du néant. Mais si l’univers existe et s’il n’a pas toujours existé (ce que nous confirment les sciences positives) ; et si l’on admet par ailleurs qu’il n’a pu se créer tout seul ; c’est donc qu’il a reçu son être de l’Être éternel existant nécessairement, celui-là même qui est l’être en lui-même et qui ne peut pas ne pas être – parce que s’il n’était pas, rien de ce qui existe actuellement ne pourrait être. Ce n’est donc pas la même chose de dire que l’Univers a été créé par rien, ou de dire que l’univers a été créé de rien par Dieu. Le premier cas est absurde (il suppose une auto-création qui est un défi à la raison) ; le second est mystérieux, certes, mais il a l’avantage d’être plus rationnel.
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